Résolutions de la Conférence internationale du LIS

La Conférence internationale de la LIS vient de finir, convoquée pour discuter de la stratégie des socialistes révolutionnaires face à une planète où la rébellion grandit.

Elle s’est ouverte par des mots de bienvenue et un rapport d’Alejandro Bodart du MST de l’Argentine au nom de la Coordination de la LIS et par des interventions de Güneş Gümüş du SEP de Turquie et d’Umer Shahid de La Lutte de Pakistan. Des camarades de plus de 30 pays de 5 continents y ont participé, et des camarades des États-Unis, de la Russie, du Chili, de la France, de la Biélorussie, du Sahara occidental, d’Australie, du Brésil, du Liban, de la Bolivie, du Pérou, de la Colombie, d’Ukraine, de l’Espagne, de Nicaragua, de Venezuela, du Paraguay et d’Algérie ont également pris la parole.

Ci-dessous, nous publions les résolutions approuvées.

Résolution politique de la conférence internationale du LIS de décembre 2020

STRATÉGIE SOCIALISTE POUR UNE PLANÈTE EN REBELLION

La pandémie du Covid-19, qui a laissé sa marque en 2020 et se poursuivra jusqu’en 2021, restera dans les mémoires comme l’une des expériences les plus choquantes de l’humanité. Nous avons une autre longue saison hivernale à surmonter dans l’hémisphère nord, et dans le sud, les perspectives restent désastreuses. Selon les chiffres officiels, le nombre de personnes qui ont perdu la vie jusqu’à présent a dépassé 1,6 million. Et personne ne doute que le nombre réel est beaucoup plus élevé que cela.

Ce prix élevé a montré clairement que le capitalisme ne fonctionne pas. Il a été révélé que les principaux États bourgeois, qui élaborent des plans détaillés pour la machine de guerre impérialiste et lui allouent d’énormes ressources, n’ont aucun plan pour faire face à une épidémie mondiale. Tous les régimes et les gouvernements capitalistes se sont prononcés en faveur des grandes entreprises et ont donné la priorité au profit de quelques-unes sur la santé et sur la vie des travailleurs et des majorités populaires. Dans cette expérience historique, les puissances capitalistes, et en fait le système lui-même dans son ensemble, ont misérablement performé dans tous les domaines et toutes ses contradictions sont devenues visibles. De plus, même si la crise mondiale de la santé publique soit surmontée avec le vaccin, les conditions sévères d’une crise socio-économique qui souffrent déjà des centaines de millions de travailleurs dans le monde vont s’aggraver qualitativement.

Avant que les effets de la crise de 2008 ne soient surmontés, une nouvelle crise économique mondiale a frappé à la porte en 2020. La pandémie a accéléré et aggravé cette crise. On assiste aujourd’hui à une crise d’une telle ampleur qu’elle n’est comparable qu’à celle de la fin du XIXe siècle ou à celle des années 1930. Alors, où mène ce tunnel ? L’espoir que son développement produira des résultats importants et nets en effraie beaucoup de gens. Selon les prévisions des sceptiques, la montée de l’autoritarisme et du fascisme est inévitable. La plupart des intellectuel.le.s de gauche veulent attirer l’attention en vulgarisant ces scénarios dystopiques. L’administration Trump est dépeinte de manière très exagérée, comme un acteur fasciste et la fin de la démocratie américaine. Ces scénarios pessimistes et exagérés se sont révélé des outils utiles pour diriger les masses vers le moindre mal du Parti Démocrate. Par exemple, des organisations de gauche comme la direction de la DSA et des personnalités comme Noam Chomsky et Bernie Sanders ont œuvré dur pour diriger la vague montante de la gauche et du mouvement de classe aux États-Unis pour soutenir l’impérialiste Biden. Ainsi, cependant pour l’instant, le développement d’un parti socialiste de masse indépendant aux États-Unis a de nouveau été entravé. Mais Trump a perdu les élections, et aujourd’hui le discours selon lequel « le fascisme arrive » n’a pas le même effet.

Qu’en est-il de l’alternative de gauche ?

Nous ne prophétisons pas sur les mystères de l’avenir, mais nous pouvons dire que nous entrons dans une période où la lutte des classes s’intensifiera lorsque nous regardons les grandes tendances qui se déroulent. Notre intention n’est pas de nier totalement l’existence de tendances autoritaires, mais les choses doivent être correctement mesurées. Ce qui existe dans le monde, c’est une polarisation politique et sociale croissante. L’un de ses visages est l’existence d’expressions autoritaires importantes du centre-droit et même marginalement de groupes à tendance fasciste. Mais l’autre est la résistance croissante des travailleurs, des femmes et des jeunes, qui dans plusieurs pays de l’année dernière à ce jour mènent de véritables rébellions et avec cela l’existence d’un espace croissant pour l’émergence d’alternatives de gauche. Il existe une certaine corrélation entre la montée de la lutte des classes et la montée des tendances autoritaires. C’est la crise économique et politique qui a précédé les deux tendances. Nous ne pouvons pas dire que chaque crise du capitalisme entraîne automatiquement une montée de la lutte de classe, mais dans un contexte où le niveau de vie des gens baisse rapidement, les vents mènent la lutte des classes. Le saut de l’autoritarisme au fascisme n’a tendance à se faire jour qu’après l’échec des luttes ouvrières. En d’autres termes, si le mouvement des classes exploitées et socialistes échoue dans le nouveau monde, où la pandémie ne sera plus le principal sujet à l’ordre du jour et fera face à des crises économiques, sociales et politiques, alors le danger de montée du fascisme se présentera.

Mais la gauche devra venir sur le devant de la scène. Il est inévitable que la lutte des classes s’intensifie dans des conditions où l’écart de classe se creuse encore plus et les pertes d’emplois et de revenus plongent des milliards de personnes sous le seuil de pauvreté. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a estimé que 690 millions de personnes étaient aux prises avec la faim en 2019, et 130 millions d’autres ont commencé à souffrir de la faim chronique en raison de la pandémie. La hausse constante des prix des denrées alimentaires et la baisse des revenus au cours des six derniers mois signifient que des milliards de personnes seront sous-alimentées. Des milliards de personnes, qui constituent la grande majorité des travailleur.euse.s, ont perdu leur emploi ou ont vu leurs revenus réduits, et la grande majorité n’a pas reçu de soutien du gouvernement ou a reçu une aide manifestement insuffisante. Les pertes et les revers subis par les pauvres en matière d’éducation et de santé continuent d’avoir des conséquences dramatiques. Partout dans le monde, le problème de la terre et du logement devient de plus en plus aigu pour la grande majorité. Les confinements se sont accompagnés d’une montée de la violence contre les femmes. Et les entreprises ont intensifié les agressions socio-environnementales pour obtenir des matières premières bon marché.

Tout ce processus crée les conditions objectives du renforcement de la lutte des classes. Certains d’entre nous pensent que 2019 a été le théâtre d’un mini 68, d’autres pensons qu’en Amérique latine et au Moyen-Orient des situations prérévolutionnaires se sont ouvertes à cette moment. Mais quelle que soit la façon dont nous définissons ce qui s’est passé, dans des pays comme Porto Rico, l’Équateur, la Colombie, le Chili, la Bolivie, la France, la Tunisie, l’Algérie, le Liban, l’Irak, l’Iran et le Soudan, la lutte des classes a pris des formes très violentes. 2020 ne promettais pas moins, mais la pandémie a représenté une pause relative nécessaire dans l’escalade des luttes car l’attention des sociétés s’est concentrée sur la pandémie, concernant la classe ouvrière sur le fait de ne pas tomber malade pour ne pas être victime des systèmes de santé épouvantables et pour ne pas faire face aux risques vitaux.

Malgré cela, les actions antiracistes aux États-Unis, qui avaient été précédées par un tournant de la jeunesse à gauche, ont atteint des niveaux sans précédent depuis les années 1960, leur massivité et leur radicalisme laissant les États-Unis fragiles avant les ruptures systémiques. En raison de l’ampleur des événements, qui ont conduit à une vague de mobilisations antiracistes à travers le monde, et du poids des États-Unis dans le contexte mondial, nous devons nous demander si cet événement n’entraîne pas un changement de qualité dans la situation mondiale. Encore une fois, dans ce processus, les protestations des travailleur.euse.s et des jeunes au Liban ont renversé le gouvernement, et en Thaïlande, même si le mouvement a secoué le système, il n’a pas réussi ses objectifs. Au Chili, la montée s’est poursuivie et a blessé mortellement le régime hérité du Pinochet. Au Pérou, la mobilisation a renversé deux gouvernements en une semaine et a délégitimé la Constitution du dictateur Fujimori. En Biélorussie, la mobilisation populaire sans précédent depuis les années 1990, malgré la grande répression déployée par le dictateur Loukachenko, n’a pas été vaincue et rien ne sera plus comme avant. Le peuple sahraoui, avec sa jeunesse au premier plan, se soulève à nouveau contre l’occupation marocaine. Et les travailleur.euse.s de France, une fois de plus, ont fait irruption sur les lieux, cette fois contre la loi autoritaire de sécurité de la droite Macron.

Tout cela annonce ce qu’est la perspective qui ouvre lorsque la pandémie chute au fond de l’ordre du jour de l’année 2021. Les travailleurs, qui sont de plus en plus pauvres, et les jeunes, sans aucun avenir, vont commencer à mettre la pression sur les gouvernements capitalistes. Les protestations et les grèves qui auront lieu dans de nombreuses régions du monde manifesteront une conscience de classe supérieure, la capacité d’agir collectivement et finalement une tendance anticapitaliste des masses. De l’autre côté de la médaille, nous voyons le fait que les gouvernements capitalistes sont lourdement endettés. De nombreux pays à travers le monde, de l’Italie, l’Espagne et le Portugal à presque toute l’Amérique latine ; la Turquie, la Tunisie, l’Égypte et le Liban, l’Iran et l’Afrique du Sud ont des dettes presque impayables. Selon la Banque mondiale, les pays à revenu faible et intermédiaire ont respectivement besoin de 175 milliards de dollars et 700 milliards de dollars par an. En revanche, le total du fonds de dette créé par le FMI et la Banque mondiale pour ces pays est de 260 milliards de dollars. En bref, la probabilité de l’effondrement des économies de nombreux pays est assez élevée, tout comme la Grèce, le Liban et l’Argentine dans un passé récent. Cela entraînera de nouvelles mesures d’austérité, mais il est très, très difficile pour les travailleur.euse.s, qui se sont déjà appauvri.e.s pendant la pandémie, de supporter un fardeau encore plus lourd. Tout cela annonce de nouvelles explosions sociales.

La question est cependant de savoir si cette vague d’opposition sociale triomphera. Bien sûr, le principal succès serait la révolution socialiste. Mais pour ouvrir la voie à la classe ouvrière pour prendre le pouvoir politique, il doit y avoir des sauts dans le niveau de développement de l’avant-garde marxiste révolutionnaire avec une conscience et une organisation de masse. Les conditions matérielles seront plus adaptées pour que ces sauts se produisent dans la prochaine période. En ce sens, le critère de mesure du succès à court terme est la prolifération des révoltes ouvrières dans de nombreux pays du monde ces dernières années et leur progrès à mesure qu’elles mûrissent. En d’autres termes, la réaction des masses, qui a manqué de direction et de programme révolutionnaire et qui s’est développée contre les gouvernements et régimes bourgeois, les inégalités économiques, l’autoritarisme, la corruption, le chômage, la futilité et le capitalisme, doit se radicaliser et conduire au socialisme par l’émergence de la conscience de classe et des forces organisées. Pour progresser, l’hégémonie du socialisme doit croître dans le mouvement de masse ; le socialisme attirerait dans ses rangs les travailleur.euse.s et les jeunes les plus qualifié.e.s.

Les vagues de lutte qui éclateront au cours de la prochaine période renforceront la conscience de classe mondiale et développeront la sympathie anticapitaliste parmi les travailleur.euse.s et les jeunes. Rappelons que les masses de divers pays sont descendues dans la rue avec des drapeaux nationaux lors des émeutes de 2019. Mais, avec pour effet du développement du radicalisme dans la période suivante, si nous rencontrons plus souvent des mots d’ordre et des symboles du socialisme, cela sonnera la sonnette d’alarme pour la classe dirigeante.

Dans cette période, l’accélération de la construction d’organisations marxistes révolutionnaires et le renforcement et la consolidation des organisations existantes auront une importance historique. La construction de la direction internationale de la classe ouvrière ne peut être possible qu’à travers de telles luttes. Il n’y a pas de raccourcis pour résoudre le problème de direction. Construire des partis révolutionnaires est un processus à long terme. Cependant, le cours de la lutte des classes est déterminant pour le rythme de la construction. Nous entrons dans une nouvelle et longue étape au cours de laquelle la crise s’aggravera et ses effets se prolongeront avec le temps. N’oublions pas qu’en temps de crise et de bouleversement social, les masses apprennent très vite, elles font l’expérience de sauts de conscience qui font de la réalité ce qui était auparavant inimaginable.

Dans ce contexte, ce serait une grande perte de limiter la lutte de la classe ouvrière à des objectifs minimaux au nom du réalisme. Il faut se battre contre les illusions du soi-disant « capitalisme démocratique » parmi les travailleur.euse.s et les jeunes, où le peuple doit lutter contre les dictateurs bourgeois et les problèmes vitaux fondamentaux dans les pays sous-développés. Le modèle d’État de bien-être parlementaire-libéral n’est plus valable même en Occident. Le niveau de vie de la classe ouvrière dans ces pays diminue rapidement, les droits démocratiques sont supprimés, l’extrême droite lève la tête et les politiciens démagogiques populistes de droite se démarquent comme candidats à dictateurs. Et pourtant, la revendication d’une société bourgeoise démocratique dans les pays capitalistes sous-développés est plus vide que jamais. Nous devons rendre la révolution permanente en battant les grandes classes capitalistes et propriétaires fonciers afin de pouvoir résoudre les problèmes fondamentaux de la vie.

Le système capitaliste impérialiste et les États-nations bourgeois sont le plus grand obstacle à l’humanité et la plus grande menace à l’existence de notre planète. La tâche stratégique de la classe ouvrière est de s’emparer du pouvoir politique par le biais de révolutions socialistes et de se lancer dans la construction du socialisme mondial. La réussite de cette mission stratégique n’est possible qu’avec des tactiques bien préparées. C’est pourquoi nous devons placer les problèmes les plus urgents de l’heure au centre de la lutte et attirer davantage de travailleurs et de jeunes dans la lutte révolutionnaire. Certaines des questions les plus importantes avec lesquelles les forces d’avant-garde de la classe et les marxistes révolutionnaires aiguisent la lutte aujourd’hui sont les suivantes :

Agenda urgent pour élever la lutte

1. Les plans de sauvetage des capitalistes doivent être annulés immédiatement.

Les Etats bourgeois ont injecté des sommes astronomiques d’argent (plus de U$S 10 billions) dans le système pour sauver des entreprises ou pour limiter l’effondrement du marché. Tous ces forfaits qui ont sauvé les entreprises de la faillite représentent plus que l’argent qu’ils ont injecté après le crash de 2008.

Ces ressources sont en fait un transfert de ressources des travailleurs vers un groupe de personnes très riches. La pandémie, dans laquelle des millions de personnes ont perdu la vie, devient ainsi une opportunité pour les capitalistes. Les bourses mondiales célèbrent donc les victoires de la classe capitaliste. Mais il n’y a que des spéculations. Avec ces bulles, certaines sociétés zombies déjà effondrées restent à flot, tandis que d’autres font de gros profits grâce à la spéculation boursière. Mais la FED, qui a la capacité d’imprimer de l’argent illimité, ne peut pas fermer les trous noirs toujours croissants. L’implication est que la classe ouvrière doit cibler le capital.

Dans la lutte contre une petite couche parasite qui continue à s’enrichir rapidement, même au cours des pandémies, à la possession de la plus-value créée par la classe ouvrière dans le monde et les mécanismes des Etats bourgeois sous ses plans de sauvetage de contrôle, sont le point faible du système. La classe ouvrière organisée doit frapper sur ce point et exiger que toutes les ressources soient retournées pour couvrir les revendications des majorités populaires : pain, santé, travail, éducation, terre, logement.

2. Confinement avec une assistance complète au revenu des travailleur.euse.s pendant la pandémie.

Alors que le grand capital qui a reçu des transferts millionnaires dans tous les pays est devenu le premier à se sauver, prenant soin de lui-même, la pauvreté et le travail en danger de mort ont été la part reçue par les classes populaires et les petites affaires. La pandémie a touché avec une plus grande intensité le secteur des services, où de grandes masses de personnes travaillent ; de millions de personnes dans le monde du travail dans des secteurs tels que la préparation et la vente de nourriture, le divertissement, la garde des enfants et l’éducation ont eu de la chance s’ils arrivaient à obtenir de l’aide de l’Etat. L’Etat bourgeois et le capital ont forcé la classe ouvrière à travailler dans des endroits où il y a un risque élevé d’infection afin que les roues du profit patronal et le système d’exploitation continuent de tourner.

Ainsi, l’impact et l’ampleur de la pandémie se sont élargis et le nombre de décès est monté en flèche. Par conséquent, le mot d’ordre commun du mouvement ouvrier mondial devrait être un confinement total, sauf dans les secteurs vitaux, offrant un soutien complet du revenu aux travailleurs formels et informels. Parallèlement, nous devons proposer l’interdiction des licenciements et des réductions de salaire, ainsi que la nationalisation de toute usine ou entreprise qui ferme. Dans la mesure où ces revendications, très légitimes aux yeux des masses, se généralisent et deviennent des bannières de lutte, elles contribueront effectivement à faire prendre conscience du conflit entre les intérêts de la classe ouvrière et ceux de l’État et du capital.

3. La lutte contre la destruction néolibérale du système de santé et les inégalités d’accès à la santé.

Il est très important de créer un programme d’intervention d’urgence qui soutient l’infrastructure et les services de santé, en allouant les ressources nécessaires à cette fin. En dehors de cela, la lutte pour assurer un accès rapide et gratuit aux vaccins dans les pays pauvres et à faible revenu est une tâche urgente.

La pandémie de Covid a montré les conséquences mortelles de la marchandisation néolibérale, livrant le système de santé à la soif de profit. Partout dans le monde, les systèmes de santé publique ont été partiellement ou complètement privatisés ou laissés pour compte. Dans tous les cas, ils ont été laissés à la merci des capitalistes. Le manque de personnel, d’hôpitaux et d’unités de soins intensifs a été le principal facteur à l’origine d’un nombre élevé de décès dans la pandémie. Les socialistes, nous devons proposer la nécessité d’un système de santé unique et étatique, nationalisant toutes les cliniques et les laboratoires privés.

Le revers de la médaille, le vaccin, présenté comme une recette de salut dans la pandémie, est à nouveau soumise à l’avidité du capital. Les monopoles pharmaceutiques, qui ont déjà reçu des millions de dollars en subventions à la recherche, cherchent à profiter du vaccin qui sera utilisé massivement. Ce processus comporte le risque de creuser davantage les inégalités aux niveaux national et international. Dans des pays comme les États-Unis, où le système de santé est entièrement privatisé, la vaccination gratuite de toute la population et la fourniture de vaccins gratuits aux pays du tiers monde, qui sont endettés, sont parmi les demandes les plus importantes du jour en termes de solidarité internationale.

4. Imposition des riches et expropriation totale pour obtenir les ressources nécessaires pour résoudre les problèmes sociaux urgents.

Les mêmes États qui utilisent le budget public pour les dépenses militaires et patronales se plaignent du manque de ressources en ce qui concerne les travailleur.euse.s. Dans le sillage de la crise de 2008, nous avons vu que les banques centrales ont donné de grandes quantités d’argent presque gratuit aux entreprises afin qu’elles puissent spéculer davantage, et des milliards de dollars ont été dépensés en obligations pourries. Aujourd’hui, il est essentiel d’exiger la confiscation de ces entreprises spéculatives -qui multiplient leurs richesses alors que les travailleurs sont aux prises avec la pauvreté-, mais aussi l’épargne de ceux qui les dirigent. Nous devons lutter pour la nationalisation du système bancaire et du commerce extérieur.

Sur cette base, le non-paiement souverain des dettes extérieures dans les pays où celles les accablent et l’exigence des impôts progressifs sur la richesse personnelle et d’affaires a niveau global est importante, aussi bien pour indiquer d’où obtenir les ressources pour les demandes révolutionnaires de la classe ouvrière qu’afin que l’opposition capitaliste-travailleur devienne consciente.

5. La lutte pour le budget de l’éducation.

L’un des besoins fondamentaux qui a été touché par la pandémie dans le monde est le droit à l’éducation. Le système éducatif, déjà traversé par de profondes inégalités, s’est effondré pour les classes populaires et les pauvres lorsqu’il s’est mis en ligne. Lorsque la pandémie prendra fin, il deviendra plus clair que les pauvres qui ne disposent pas de l’équipement nécessaire pour accéder à l’éducation en ligne sont coupés du système éducatif. Sur cette base, il est vital pour les enfants de la classe ouvrière qu’un budget beaucoup plus élevé soit alloué pour fournir une éducation publique, scientifique, gratuite, laïque et équitable à tous les étudiants et que toutes les subventions publiques à l’éducation privé et confessionnel soient supprimées.

6. La lutte contre l’utilisation de la pandémie par les gouvernements pour attaquer le droit de manifester.

2019 a été une année de révoltes mondiales. Malgré la pandémie, cette vague de luttes s’est manifestée dans les exemples des États-Unis, Liban, Thaïlande, Biélorussie, Bolivie, Pérou, Guatemala et France en 2020. Les classes dirigeantes, piégées sous les effets dévastateurs de la crise et de la pandémie, recourent à des mesures extraordinaires face à la menace de rébellion. Partout dans le monde, les principales revendications révolutionnaires de la classe ouvrière doivent être la lutte contre les atteintes au droit à la liberté d’expression, d’action et d’organisation, ainsi que la défense de tous les droits démocratiques des travailleurs, des femmes et des jeunes, restreints par les gouvernements et les régimes autoritaires.

7. La lutte contre le désastre socio-environnemental du capitalisme.

La matrice de production et de consommation capitaliste, en plus d’exploiter les travailleurs, détruit la nature dans le seul but d’accumuler le profit privé. L’origine du Covid réside précisément dans cette forme brutale d’intervention sur les écosystèmes. À son tour, la crise économique amplifiée par la pandémie pousse davantage la déprédation environnementale pour obtenir des matières premières bon marché et pour valoriser le capital. Le réchauffement global et toutes les conséquences de cette catastrophe retombent sur la classe ouvrière et les peuples. Pour cette raison, il est aux socialistes de proposer une forme de production qui satisfait tous les besoins sociaux, mais de manière durable pour la nature et la santé de la majorité.

8. La lutte contre l’oppression des femmes et les dissidences.

Les conditions créées par la pandémie et les confinements ont aggravé la situation de violence contre les femmes et les dissidences. La lutte pour les revendications de genre est présente dans le monde entier. Dans ce cadre, nous devons faire partie de ces luttes en promouvant un programme qui commence par de revendications fondamentales telles que l’égalité de rémunération, des mesures de lutte contre la violence de genre, la lutte pour les droits sexuels et reproductifs et l’avortement légal, et qui promeut l’unité de ces luttes avec une perspective anticapitaliste et socialiste.

9. La lutte contre le danger de la guerre impérialiste.

Les conditions de la crise capitaliste intensifient les tensions entre les capitales et les États-nations dont elles dépendent. Cela a toujours été le cas dans le contexte des Première et Seconde Guerres mondiales. Maintenant, il y a une tension supplémentaire dans la concurrence internationale entre les capitales, entre la Chine et les États-Unis. Au point qu’on parle déjà d’une nouvelle guerre froide entre ces deux superpuissances, où aucune des deux parties ne représente un avantage pour les travailleurs du monde. La lutte entre les deux plus grandes économies du monde, bien entendu, ne s’arrête pas entre ces pays ; la guerre commerciale menée par les États-Unis réduit l’économie mondiale dans son ensemble et exacerbe la concurrence économique et géopolitique. Les États-Unis, bien qu’ils continuent d’être la principale puissance impérialiste, ils se sont affaiblis au point que leur rôle hégémonique a commencé à être remis en question. Il est clair que le capital américain peut risquer la guerre pour ne pas renoncer à ses privilèges en raison de sa domination sur le monde. Bien que la menace de la guerre ne prenne toujours pas la forme d’une « guerre total » à notre époque d’armes nucléaires, les guerres régionales continuent leur développement comme en Syrie, au Yémen, en Libye et au Karabakh. L’existence de points de tension chroniques qui peuvent déclencher des guerres à grande échelle dans de nombreuses régions du monde montre à quel point le système impérialiste est proche de conduire l’humanité au désastre.

Hégémonie révolutionnaire

Il est très important que les socialistes révolutionnaires gagnent la compétition contre les tendances de gauche pro-capitalistes et contre tous ceux qui proclament le « possibilisme ». Ceux-ci deviendront des entraves pour le mouvement de masse dans la période à venir où la lutte des classes deviendra encore plus radicale. L’histoire de la lutte des classes est aussi l’histoire de ce conflit. Plus récemment, dans la crise historique que la Grèce a connue, la force la plus importante qui a sauvé le système n’était autre que l’eurocommuniste Syriza et nous ne pouvons oublier les éléments centristes qui ont justifié leurs actions. En Espagne, la force qui légitime le régime né de la Constitution du 78 avec Franco est la « nouvelle gauche » Podemos, maintenant au gouvernement avec le PSOE. Ce qui est venu à l’aide du réactionnaire Piñera et du régime de Pinochet dans la rébellion chilienne étaient le Front Large et le Parti Communiste. Sans l’adaptation néolibérale du PT brésilien, le réactionnaire Bolsonaro n’aurait pas accédé au pouvoir. Les partisans du capitalisme au Nicaragua et au Venezuela ont été les gouvernements du Front Sandiniste et du PSUV. En Argentine, à l’exception du trotskysme, toute la gauche front-populiste s’est ralliée au Parti Justicialiste bourgeois et à son discours populiste et « possibiliste ». Des acteurs similaires interviendront pour jouer des rôles similaires dans la période suivante, lorsque la lutte des classes deviendra aiguë. La LIS va intensifier la lutte contre ces tendances historiques qui ont fait revenir en arrière le mouvement de masse.

  1. Non à l’adaptation au réformisme ! Pour une lutte de classe indépendante ! La perspective de l’indépendance de classe doit se démarquer des tendances opportunistes qui orientent les actions des travailleur.euse.s et des jeunes vers les canaux bourgeois, comme nous l’avons vu récemment aux États-Unis à travers le Parti démocratique impérialiste et en Bolivie avec le MAS.
  2. Contre toutes formes d’oppression, et pour l’unité de la classe ouvrière ! Au sein des mouvements contre l’oppression du genre, l’oppression raciste et nationale, nous luttons pour une perspective de classe, anticapitaliste et socialiste qui met en évidence le rapport entre toutes les formes d’oppression et d’exploitation capitaliste. Nous rejetons les politiques identitaires et le postmodernisme réactionnaire, qui divisent la classe ouvrière et qui glissent les luttes à des impasses. Le socialisme est la seule force qui puisse unir tous les opprimé.e.s et les exploité.e.s sous une même bannière.
  3. Les conflits sectaires doivent être abandonnés. L’étroitesse de vue traditionnelle, qui ne reconnaît d’autre organisation révolutionnaire plutôt que la propre organisation, qui est coincé dans un terrain national et qui consacre la majeure partie de son énergie dans les conflits vicieux avec d’autres forces révolutionnaires, est une maladie grave dans les rangs socialistes révolutionnaires. Il est urgent que les socialistes révolutionnaires, qui insistent sur une politique d’indépendance de classe, s’unissent à la fois sur la scène nationale et internationale et forment des fronts et des unités lutte de classe pour gagner la classe ouvrière.
  4. Dans les rangs de ceux qui se prétendent révolutionnaires, l’abstentionnisme sectaire, l’impressionnisme et toute attitude de conseiller extérieur à la vraie lutte de classe doivent être abandonnés. Il faut en finir avec les révolutionnaires du clavier. La tâche principale de cette période est de former des cadres qui soient formé.e.s en intervenant énergiquement dans tous les aspects de la lutte de classe et de gagner les masses et leur avant-garde pour le socialisme en utilisant tout l’arsenal tactique et stratégique du marxisme révolutionnaire. Nous devons également lutter contre les tendances centristes et réformistes qui exigent ou qui conseillent les bureaucrates de gauche au lieu de construire une force révolutionnaire indépendante.

La Ligue internationale socialiste appelle les travailleurs, les femmes, les jeunes et les éléments d’avant-garde qui sont aujourd’hui à la tête des luttes qui se déroulent dans le monde à nous unir pour faire face ensemble à la contre-révolution économique et sociale qui les partisans de ce système capitaliste-impérialiste déclinant essayent laisser tomber sur l’ensemble de nous pour sauver les profits et les privilèges d’une poignée de capitalistes de plus en plus petite. Et face à l’avenir qui nous attend, la LIS vous invite à unir la lutte sociale avec la lutte politique et à construire ensemble des partis socialistes révolutionnaires dans tous les pays et une organisation internationale qui se batte pour un programme visant à détruire le capitalisme, pour aider à former des organismes d’auto-organisation de la classe ouvrière, le gouvernement des travailleur.euse.s et le socialisme dans le monde entier.


Résolution de soutien à la lutte du peuple sahraoui

Depuis plusieurs semaines, au point de passage frontalier d’El Guerguerat, on assiste à une nouvelle et violente agression colonialiste du Royaume du Maroc contre la République Arabe Sahraouie Démocratique.

Exerçant son droit légitime de se défendre, le peuple sahraoui héroïque, avec la jeunesse en tête, a riposté avec tous les moyens à sa disposition à cette nouvelle et brutale agression.

De la Ligue Internationale Socialiste, nous sommes solidaires de la juste lutte sahraouie pour la défense de son territoire et pour exercer le droit à l’autodétermination, à l’indépendance et à la liberté.

Nous rejetons ce nouvel acte de colonialisme de la part du Maroc, qui bénéficie du soutien explicite de Donald Trump, de l’impérialisme américain et d’Israël, de la complicité de l’Union Européenne et notamment de l’Espagne et de la France, ainsi que du cynisme de l’ONU.

La Conférence Internationale de la LIS demande le retrait de toutes les troupes marocaines qui, pendant des décennies, ont maintenu la majeure partie du territoire du Sahara Occidental sous occupation illégale, ce qui correspond à la République Arabe Sahraouie Démocratique.

Seul le peuple sahraoui, sans aucune ingérence impériale ou coloniale, a le droit de décider de son propre destin.