Ils veulent TOUS sauver la Ve République et museler la classe ouvrière ! Partis politiques et confédérations syndicales sont désormais unis pour laisser Macron gouverner à son aise et mener ses réformes les plus viles, comme celle des retraites avec l’allongement de l’âge de départ à 65 ans… Ce, moyennant quelques postes à l’Assemblée et le financement de leurs partis, pour certains à l’agonie. Et l’assurance pour les syndicats de se voir reconnus dans leur rôle de négociateurs (avec les avantages qui vont avec) par la nouvelle première ministre dont ils dénoncent la fermeté tout en louant sa grande capacité de dialogue !!!
Petit retour en arrière sur les derniers mois qui ont été particulièrement éloquents en termes de recomposition/décomposition de la vie politique des partis …
Présidentielles°: l’abstention, kérosène de la lutte de classes
Présidentielles, pas de suspense … Nous l’avions écrit avant les résultats de l’élection présidentielle : pour nous, la réélection de Macron était une évidence.
Macron le mal élu
En effet, nous démarquant des sirènes agitant encore une fois le spectre de l’élection à la présidentielle de Marine Le Pen et du fascisme à nos portes, nous avions pronostiqué la réélection de Macron, compte-tenu ducontexte anxiogène du Covid et de la guerre en Ukraine qui devaient inévitablement profiter au président en exercice. En effet, grâce à la guerre en Ukraine et à sa présidence de l’Union européenne, Macron profitait de l’effet « drapeau » mais aussi de l’effet « union nationale » : tous les partis unis derrière le chef des armées. Notre pronostic était aussi celui des journalistes étrangers qui, loin de l’hystérie des journalistes et intellectuels de télé ou d’ailleurs, jugeaient comme le journal The Economist, la réélection de Macron acquise.
Mais élu ne veut pas dire bien élu …. Loin de là. Macron a été élu au 2e tour de la présidentielle avec seulement 38,5 % des électeurs inscrits. C’est ainsi le 2e président le plus mal élu de la Ve République, juste derrière Georges Pompidou en juin 1969, un an après mai 1968, 2 mois après la victoire du « Non » au référendum et la démission de De Gaulle, Duclos du Parti Communiste Français (PCF) ayant donné consigne de vote de s’abstenir : 37,51 % ! Cela en dit long sur le climat actuel !
À part De Gaulle, élu au suffrage universel indirect en décembre 1958 (76,31 % des grands électeurs) et Chirac en 2002 lors du tout premier duel avec le Front National (62 % des inscrits), tous les autres ont été mal élus et ne dépassent pas les 45,27 % des inscrits depuis 1965, témoignant de la perte progressive de confiance pour les candidats au gouvernement de la Ve République, plusieurs avoisinant les scores de Macron en 2022 : Chirac en 1995 (contre Jospin), 39,43 % des inscrits ; Hollande en 2012 (contre Sarkozy), 39,08 % des inscrits !!
La dynamique Macron-La République En Marche (LaREM) est en effet en chute libre depuis l’élection de 2017, que ce soit aux élections européennes de 2019, municipales de 2020 (aucune grande ville conquise) et régionales de 2021. Si le parti de Macron a fait le plein des voix du Parti Socialiste (PS) et du parti Les Républicains (LR) en 2017, on constate qu’entre le 2e tour de 2017 et le 2e tour de 2022 il a perdu presque 2 millions d’électeurs, passant de 20 743 28 à 18 768 639 alors même que le nombre d’inscrits a augmenté de 1 million !
RN et Reconquête se partagent le cadavre LR
Les résultats du 1er tour des présidentielles dépassent les prévisions : Valérie Pécresse entraîne LR dans sa chute avec 3,44 % des inscrits.
Si LaREM a provoqué l’explosion en 2017 en débauchant les hommes politiques (pour les plus connus, Edouard Philippe, Franck Riester, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu), si elle a continué le jeu de massacre entre 2017 et 2022 en ralliant divers opportunistes comme Thierry Solère ou Christian Estrosi, avec une moisson spéciale élection présidentielle (Renault Muselier, Eric Woerth et le petit dernier, Damien Abad, accusé de viols à qui le gouvernement Borne vient d’offrir un portefeuille ministériel), force est de constater qu’entre 2017 et 2022, ce n’est qu’une partie des électeurs de LR qui a réorienté son vote vers LaREM : la hausse de 1 million d’électeurs chez LaREM entre le 1er tour de 2017 et le 1er tour de 2022 (passés de 8 656 346 à 9 783 058) n’explique que partiellement la baisse de 5,5 millions d’électeurs chez LR pour les mêmes échéances (passés de 7 212 995 à 1 679 001).
Il semble bien que ce soit deux autres formations qui aient récupéré la majorité des voix perdues de LR, à savoir le Rassemblement National (RN) de Le Pen et Reconquête de Zemmour. L’augmentation entre 2017 et 2022 des voix de l’extrême droite provient d’un déplacement du vote des électeurs LR : si le RN totalise 10 638 475 de voix au 2e tour de 2017 et 13 288 686 voix au 2e tour de 2022, c’est la droitisation des électeurs LR qu’il faut stigmatiser au lieu et place de l’adhésion de la classe ouvrière aux idées du parti frontiste ! Il n’y a qu’à regarder les scores du RN en Seine-Saint-Denis où vit la population la plus pauvre de France métropolitaine : c’est l’abstention qui domine, le vote RN y est moins important que dans n’importe quelle petite commune où les notables votent sous perfusion de propagande télévisuelle anti-ouvrière et anti-immigrée.
LFI, dernière lumière de l’astre mort PS
Le PS est, lui, à l’agonie … Anne Hidalgo n’a réuni, score historique que 1,26 % des inscrits. En 2017, Macron et son parti LaREM a pillé et torpillé le PS, débauchant de nombreux opportunistes du gouvernement Hollande et de l’Assemblée nationale : Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de Hollande ; Gérard Collomb, sénateur PS et maire de Lyon ; Richard Ferrand, député PS ; Bertrand Delanoé, ex-maire de Paris … sans parler du 1er ministre PS Manuel Valls dont on parlera pour les législatives car il ne finit jamais de revenir … Récemment, avant la présidentielle de 2022, devant le désastre annoncé d’Anne Hidalgo, les anciennes ministres PS, Marisol Touraine et Elisabeth Guigou, l’ancien porte-parole du PS Edouardo Rihan-Cypel, ont appelé à voter Macron.
Mais en 2022, ici comme à LR, à la différence de 2017, l’hécatombe du PS profite finalement peu à LaREM dont on a montré qu’elle a perdu des voix entre 2017 et 2022. La vraie gagnante de la chute du PS c’est La France Insoumise (LFI). Au 1er tour de l’élection présidentielle de 2022, il a fait main basse sur une partie des 2 291 288 électeurs socialistes du 1er tour de la présidentielle de 2017 : il ne reste plus que 616 478 voix pour le PS en 2022 ! Cela ne représente pas une progression très importante pour LFI qui n’augmente que de 1 % son pourcentage des inscrits, passant de 14,83 % à 15,82 %… Mais quand même …c’est plus que le PS à 1,26 % !
Et c’est ce que ce politicard de toujours, cet ancien apparatchik du PS qui a appelé à voter en 1992 pour le traité de Maastricht, ce mitterrandiste, ce ministre de l’Enseignement Professionnel de Jospin (2000-2002), ce sénateur socialiste (2004-2010) voulait depuis toujours : prendre sa revanche sur le PS où il n’a jamais réussi à s’imposer. Chef du petit Parti de Gauche qu’il a créé en février 2009 après avoir quitté le PS, il est devenu, grâce aux hold-ups opérés par le Front de Gauche et l’Union Populaire (2 fronts successifs de rassemblement d’occasion pour les élections), le dirigeant autoproclamé du principal parti de gauche de gouvernement !
Néanmoins, si l’on additionne toutes les forces de la gauche de gouvernement (LFI, PS, PCF et Verts), on n’obtient que 22,07 % des inscrits, loin des scores additionnés du premier tour des présidentielles de 2012 (33,92 % des inscrits) et à peine au-dessus de ceux de 2017 (19,62%).
NPA, PCF et POI solubles dans LFI
Retour sur treize années de manœuvres électorales de Mélenchon : lorsque la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), à l’issue de la présidentielle de 2007 où Besancenot a obtenu 1 498 581 voix, soit 3,36 % des inscrits (pour rappel, en 2002, le score de LCR et Lutte Ouvrière (LO) réuni parvient à 6,89 % des inscrits), décide de créer un rassemblement large, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), s’organise en congrès et comités en 2008 pour le fonder du 6 au 9 février 2009, Mélenchon, parti du PS en novembre 2008, ayant créé avec le PCF le Front de Gauche en vue des européennes de 2009, déplace la date de fondation de son Parti de Gauche au 1er février 2009, au lieu du 9 février. Il en aurait décidé ainsi, pour ne pas gêner le NPA qu’il espère incorporer dans son Front de Gauche. S’il n’y parvient pas en totalité, il en avale petit à petit les courants droitiers qui le rejoignent les uns après les autres la Gauche Unitaire (GU) dès mars 2009, Convergences et alternative en février 2011, la Gauche Anticapitaliste, courant unitaire pour l’écosocialisme (GA) en juillet 2012.
Néanmoins, la chute du NPA tient surtout au NPA, à son absence de lutte des classes et à son électoralisme rampant : affichant en 2009, 9 000 à 10 000 cartes de membres fondateurs (soit trois fois les effectifs de la LCR), il revendiquait seulement 1 500 membres au congrès de 2018 ! Signe d’un encrassage électoral assumé : c’est pour présenter leur propre candidat à la présidentielle de 2022, que les membres du Courant communiste révolutionnaire-Révolution permanente quittent le NPA ! En termes électoraux, la décrue depuis 2007 est également significative : le NPA ne compte plus, pour la présidentielle de 2022, que pour 0,55 % des inscrits (268 904 voix) !
Quant au PCF, la campagne droitière du candidat Roussel pro-police et pro-identité française n’a pas suffi à faire exister ce parti moribond. Il a à peine dépassé le score très bas de Marie-Georges Buffet de 2007 : on est passé, grâce aux bons mots franchouillards et à la surenchère sécuritaire de Roussel, de 1,59 % en 2007 à 1,65 % des inscrits en 2022. Bravo l’artiste !
De son côté, le bureau national du Parti Ouvrier Indépendant (POI) a appelé dès le 23 octobre 2021 à voter Mélenchon sans même mentionner LFI : « Notre position : Votez Mélenchon ! ». Plus loin : « Dans un contexte d’extraordinaire fragilité politique, de décomposition des institutions de la Ve République, la candidature de Mélenchon incarne d’ores et déjà la rupture avec le système, avec les politiques menées par tous les gouvernements successifs de la Ve République ».Ah oui ? Leur mémoire est bien courte !
Reste LO … Qu’en dire sinon que son pessimisme et son sectarisme n’amorcent aucune dynamique capable de doter la classe ouvrière d’un regroupement indépendant, de masse, de classe pour en finir avec Macron et la Ve République, pour voir les revendications ouvrières enfin satisfaites ?
Un acteur prépondérant : l’abstention
Dans ces conditions, les scores de l’abstention, cumulés avec celui des votes blancs et nuls s’explique aisément. Ces scores recouvrent une très grande partie des inscrits issus de la classe ouvrière, même si la désaffection des élections touche aussi les classes moyennes et les cadres, mais dans une très moindre mesure. La classe ouvrière s’abstient majoritairement. L’abstention, les votes blancs et nuls sont donc un acteur prépondérant de l’élection présidentielle de 2022.
Le taux d’abstention depuis 1974 est en progression constante, à l’image du manque de confiance en ce système électoral, manque de confiance envers les candidats et les partis qui s’y présentent, à l’unisson de la colère qui gronde et grandit. Voici les pourcentages des abstentions, votes blancs et nuls des électeurs inscrits au 2e tour des présidentielles :
1974, 13,83 % ; 1981,16,61 % ; 1988, 18,98 % ;1995, 25,09 % ; 2002, 24,59 % ; 2007, 19,56 % ;2012, 24,32 % ; 2017,34,02 % ; 2022, 34,25 %.
16 705 014 millions d’électeurs se sont abstenus, ont voté blanc ou nul le 24 avril 2022 ! Plus d’un tiers des inscrits, c’est énorme et c’est cela qui fait peur aux classes dirigeantes et aux capitalistes. Car Macron, Le Pen et Mélenchon le savent : les abstentions, c’est le kérosène de la lutte des classes !
Macron avec ses 18 768 639 voix (soit 38,5 %) et Le Pen avec ses 13 288 686 voix (soit 27,25 %) ne sont pas si puissants que ça… et si on le remet à la hauteur du chiffre du 1er tour, qui représente mieux les aspirations politiques réelles, c’est l’abstention qui est le premier parti de France avec 28 % des inscrits, devant la droite de gouvernement de Macron et de ses alliés (26 %), l’extrême droite et ses alliés (24 %) et la gauche de gouvernement de Mélenchon et ses alliés (22 %).
À noter : l’abstention du 2e tour en 2022 est quasiment au niveau où elle était au 2e tour de la présidentielle de 1969 (35,56 %) ! C’est bien pourquoi ils vont TOUS TOUT faire pour éteindre le feu qui couve et pourquoi Mélenchon sera le meilleur allié de Macron.
Législatives : front unique des appareils contre la classe ouvrière !
Le calendrier des législatives est, depuis le quinquennat, positionné pour suivre l’élection présidentielle et donner à « l’élu » la majorité dans le même élan ! Pas sûr que l’élan qui a été absent à la présidentielle soit là aux législatives ! Mais, par contre, il est sûr que les deux principales forces « d’opposition » n’auront ni l’une ni l’autre la majorité à l’Assemblée ! Et pourtant, le bonimenteur Mélenchon qui s’autoproclame premier ministre veut le faire croire ! Refusant l’alliance avec Reconquête, le RN, lui, s’attelle à consolider son rôle de premier opposant à Macron.
LaREM et LFI sont morts …Vivent Ensemble et la NUPES !
La recomposition de la droite de gouvernement n’en finit pas. Le 5 mai, sont annoncés deux nouvelles entités : d’une part, LaREM n’étant plus trop porteuse d’élans, devient Renaissance ; d’autre part, pour gagner les législatives, une confédération, composée notamment de LaREM, du MoDem, d’Horizons et de Territoires de progrès, est créée et nommée Ensemble.
Les derniers poulets sans tête du PS s’y précipitent : la Fédération progressiste créée en mars 2022 par l’ancien ministre du Travail de Hollande, François Rebsamen fera partie d’Ensemble pour les législatives ; l’ancien premier ministre de Hollande, Manuel Valls, rallié sans retour sur bénéfice dès avant la défaite de Hamon au 1er tour de 2017, parti à Barcelone pour conquérir la mairie et revenu bredouille, est enfin récompensé par une place assurée gagnante de député Ensemble pour les Français de l’étranger …
Les hommes politiques encore à LR ne sont pas en reste : Damien Abad est débauché par le gouvernement pour devenir Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées de France. De quoi provoquer la vengeance probable de ses amis LR qui, après l’avoir protégé des accusations de viol, ont probablement fait fuiter cette information dès sa nomination. Le viol leur importe peu, son instrumentalisation, oui !
Mais la palme de la trahison revient sans conteste à Mélenchon qui ose tout pour accéder au pouvoir et à l’argent qui va avec ! Pour rassembler autour de lui tous les poulets sans tête qui cherchent un siège à l’assemblée et les partis moribonds qui ne veulent pas mourir, il adresse le 15 avril des courriers au PCF, à Europe Écologie-Les Verts (EELV) et au NPA afin de « construire une nouvelle majorité gouvernementale, c’est-à-dire une majorité politique à l’Assemblée nationale ». Par un coup de force vis-à-vis de ses futurs alliés, il demande aux Français le 26 avril, soit 2 jours après le second tour, de l’ « élire premier ministre » et fait distribuer le même jour des affiches « Mélenchon, premier ministre ».
L’accord signé sous la pression et dans l’urgence entre LFI et chacun des moribonds, EELV (la nuit du 1er au 2 mai), le PCF (le 3 mai), le PS (le 4 mai) répartit les 577 candidatures à la députation ainsi : 326 LFI, 100 EELV, 50 PCF et 70 PS (ce dernier conservant un nombre potentiel de députés bien supérieur à ses résultats à la présidentielle). L’accord de coalition rassemble en réalité un nombre d’organisations bien plus large que les partis de gouvernement : il unit le Pôle La France insoumise et apparentés (LFI, le (feu) Parti de gauche, Ensemble ! de Clémentine Autain et de l’ex-NPA Myriam Martin, le POI, Révolution écologique pour le vivant d’Aymeric Caron ), le Pôle écologiste (EELV-Les Verts, Génération.s des ex-PS Benoît Hamon et Aurélie Filipetti, Génération écologie de l’ex-PS Delphine Batho; Les Nouveaux Démocrates, des ex-PS passés à LaREM), le PS et le PCF.
Le POI-D, dans un courrier à LFI le 22 avril, indique pour sa part : « Le programme de La France insoumise n’est pas le nôtre. Mais il est certain que même un début de mise en œuvre de ce programme marquerait une différence par rapport à ce que ferait un autre gouvernement. » Il dit attendre une réponse claire sur la capacité du premier ministre Mélenchon à s’imposer au président Macron : « Nous voulons croire que vous clarifierez votre position sur cette question essentielle : ou bien cohabiter et de fait se soumettre aux règles de la Vᵉ République qui donnent la prééminence du pouvoir à un président et à la réaction capitaliste qui l’a porté au pouvoir ; ou bien assumer le mandat de la majorité, le mandat démocratique que vous sollicitez et ne pas hésiter pour appliquer votre propre politique à vous engager sur la voie de la rupture.
Notre démarche n’a aucun caractère polémique. Si une possibilité existe d’une amorce de rupture allant dans le sens des intérêts des travailleurs et de la jeunesse, d’un premier pas remettant en cause la continuité des gouvernements qui précèdent, sachez que le POID saura prendre ses responsabilités. » Le fait que le POI-D pose cette question est encore plus inquiétant que le franc soutien du POI !
L’accord crée donc le 18 mai 2022 la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, regroupement fantoche de partis qui ne voulaient rien avoir à faire ensemble quelques mois auparavant. Les derniers caciques socialistes quittent le radeau PS à l’annonce de l’accord PS-LFI, comme Claude Bartolone, ancien Président de l’Assemblée nationale de 2012 à 2017 ; certains, comme Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre de Hollande, dénoncent l’accord et encouragent des candidatures dissidentes. La maison socialiste part en fumée.
Et la NUPES ? Qu’en dire si ce n’est que c’est un regroupement électoraliste tout l’était la Gauche plurielle qui a sévi entre 1997 et 2002, a permis à Jospin de cohabiter avec Chirac et a donné à Mélenchon un strapontin ministériel ?
À ceux qui veulent croire aux mirages, qui espèrent « une amorce de rupture » comme le POI-D, il faut se pencher sur le parcours de Mélenchon qu’il a retracé sur France Inter le 8 mai dernier : interrogé sur la cohabitation avec Macron, « Nous nous entendrons parce que c’est l’intérêt du pays », se plaçant dans le sillage de ses maîtres sociaux-démocrates Mitterrand et Jospin dont il se dit fier de ce qu’ils ont accompli ensemble !
L’argent des partis, nerf des législatives
Bref, n’en jetez plus ! La NUPES ne peut ni porter arithmétiquement Mélenchon chef de gouvernement pas plus qu’elle ne peut être le vecteur d’une politique de rupture : rappelons tout de même que les députés LFI ont voté comme un seul homme le projet de loi de Finances rectificative prévoyant un plan d’urgence pour sauver le capitalisme français (garantie bancaire de 300 milliards d’euros de Bpifrance ; plan de soutien de 45 milliards d’euros ; report des charges sociales et fiscales pour les impôts directs des PME de 35 milliards d’euros…)
Pour eux, l’essentiel est ailleurs : les législatives ce n’est pas tant être la voix de celles et ceux qui les ont élus que financer son parti. En effet, c’est à partir des résultats des législatives que sont calculés pour les cinq ans à venut les aides publiques octroyées aux partis :
– en premier lieu, un parti peut récolter des aides publiques grâce au nombre de voix recueillies au premier tour de ces élections, à la condition qu’il ait obtenu 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions (chaque voix rapportant 1,64 euro, pour la seule année 2022, LaREM a reçu 10,1 millions d’euros ; le RN, 4,88 ; LR, pour n’avoir pas respecté la parité, seulement (!) 3,92 ; LFI, 3,7 ; le PS, 2,6 …) De 2017 à 2022, 16 partis, y compris sans député.e.s élu.e.s, étaient concernés par cette première partie d’aides publiques.
– en second lieu, si un parti obtient des élu.e.s, il peut profiter des aides publiques attribuées en fonction du nombre de parlementaires et versées à son association de financement (chaque parlementaire comptant pour 37 042 euros, LaREM a perçu, pour la seule année 2022, 10,9 millions d’euros ; LR, 9,1 ; le PS, 3,3, comme l’UDI ou le MoDem ; LFI, 0,64 ; le RN, 0,3 …).
Chaque année, l’État réserve 66 millions d’euros au financement public des partis. De quoi oublier les querelles des présidentielles et vouloir faire croire à un programme commun…
Appareils syndicaux au garde à vous
Il faudrait donc se tourner vers les organisations syndicales pour imposer la rupture à Macron. Avec Élisabeth Borne comme première ministre, le programme de LaREM devrait être appliqué à la lettre et les attaques contre la classe ouvrière déjà décidées et budgétées, en particulier la casse de la Sécurité sociale, devraient ne pas tarder … le patronat veut en effet récupérer le salaire différé de la classe ouvrière et Borne achever la besogne commencée par les différents gouvernements depuis 40 ans !
Mais, encore une fois, loin d’appeler à la grève générale et à une riposte massive des salarié. e.s de ce pays, « les syndicats n’arrivent pas à s’entendre sur un discours commun », rapporte Le Monde du 18 mai 2022. La prise de position du Comité Confédéral National de la CGT en faveur de la retraite à 60 ans a froissé la CFDT qui y est opposée. Elle s’est sentie instrumentalisée. La classe ouvrière, elle, a de quoi se sentir trahie, une nouvelle fois, par cet appel du CCN de la CGT :
« Les organisations du CCN décident de redoubler les initiatives la semaine du 6 au 10 juin en organisant différentes formes d’actions : réunions de syndiqués, déploiement auprès des salariés à partir du matériel mis à disposition, manifestations, marches des fiertés, interpellation des candidats aux législatives (hors extrême droite), organisation de débats publics autour de nos exigences revendicatives, etc.
Un bloc de députés progressistes, le plus important possible, à l’Assemblée Nationale doit permettre de traduire les conquêtes des salariés dans la loi.
Nous menons avec toute la force de notre organisation et les moyens qui sont ceux d’un syndicat, le combat contre l’extrême droite. Par nature, ce combat s’inscrit aussi sur le terrain politique. Pour faire reculer l’extrême-droite, une des priorités est de l’empêcher d’envoyer des élus au parlement. La CGT appelle les salariés à se mobiliser par le vote. »
Un des premiers éléments du rapport de force est de renforcer la CGT dans les élections professionnelles et par la syndicalisation.
La CGT appelle les travailleur.e.s à rester vigilants et mobilisés pour réagir contre tout projet de régression sociale. Elle décide d’analyser avec ses organisations la situation dès le lendemain de l’échéance électorale.
D’ores et déjà, elle décide d’une journée nationale interprofessionnelle de grève et de manifestation en septembre qu’elle souhaite unitaire. »
Ainsi donc la CGT appelle à voter aux législatives et à se mobiliser dans la semaine précédant le 1er tour. Ainsi donc, elle compte sur ces fameux députés progressistes pour s’opposer au projet de réforme des retraites. Ainsi donc, il est probable que la CGT se rendra aux réunions de « négociation » sur le recul de l’âge de retraite pendant l’été et nous appellera en septembre ou octobre à manifester et faire grève une journée.
Il ne faut pas s’y tromper : LFI et ses alliés sont les meilleurs soutiens de Macron et de la Ve République avec lesquels ils ne veulent aucune rupture. Ils ne portent aucune des revendications de la classe ouvrière. Retraites, salaires, lutte contre le chômage, ce que l’on obtiendra c’est dans la rue, par la lutte des classes, par la grève générale, par le tous ensemble au même moment, que nous le gagnerons, en opposant le front des travailleurs au front des appareils qui veulent nous gouverner !
Paris, le 27 mai 2022