Mardi 7 février, une nouvelle journée de grève et de mobilisation a eu lieu en France, elle a une fois de plus démontré le rejet du projet de réforme des retraites de Macron. Entre 750 000 personnes (selon la police) et près de deux millions (selon l’Intersyndicale) se sont mobilisées à travers le pays. Ce troisième round indique que le combat est loin d’avoir fini.
Tamara Yapura et Gustavo Galeota
A l’appel unitaire de toutes les centrales syndicales (CFDT, CGT, Solidaires, FO, CGE-CGC, CFTC, FSU, Unsa), mardi dernier, des centaines de milliers de salarié.e.s du public et du privé, d’étudiant.e.s de tous les niveaux d’enseignement et de retraité.e.s se sont mobilisé.e.s. Dans le cas de Paris, le défilé s’est déroulé de la place de l’Opéra à la place de la Bastille, soit environ quatre kilomètres. Ainsi, dans la capitale et dans toutes les villes, les rues ont été une fois de plus le point de rencontre de notre classe pour mener un nouveau round de rejet massif du projet de réforme des retraites.
Malgré cela, le débat dans les médias grand public a tourné autour de l’« affaiblissement » de la grève et du mouvement. Mais tout en reconnaissant qu’il y a une baisse du nombre de grévistes, due à la méfiance des bases envers la bureaucratie de l’Intersyndicale, cette journée massive a montré que dans tout le pays tient une volonté de lutter pour battre la réforme.
En plus de l’appel national du 7, dans des départements comme la Sarthe ou la Dordogne, au moins quatre autres appels ont été organisés à des jours différents et de même dans des régions comme la Normandie et la Bretagne. La participation a également été soutenue dans des villes comme Albertville et Pau, considérées comme des bastions de la droite. La somme des trois marches organisées sur une période aussi courte, moins de 20 jours, est comparable à des étapes historiques telles que la grande lutte de 1995.
Les problèmes de Macron, les profits capitalistes
La présentation du projet de loi Macron a eu lieu le lundi 6 février et l’Assemblée nationale a jusqu’au 17 février pour se prononcer sur ce texte, qui sera ensuite débattu au Sénat entre le 17 février et le 26 mars. Un agenda précipité qui démontre l’obstination du président, qui sape les mécanismes de la propre démocratie bourgeoise et qui est complètement étranger aux débats et aux préoccupations du monde du travail et de la jeunesse.
Dans le bloc officiel, certains députés demandent des modifications du projet, et le 9 février le gouvernement a subi un dur échec à l’Assemblée, lorsque la macronie s’est retiré de la scéance alors que toute l’opposition (de gauche et de droite) a approuvé la renationalisation d’EDF, l’entreprise publique d’électricité.
Il est logique qu’il y ait une profonde indignation populaire en France, quand au même moment où l’on prétend faire travailler plus et cotiser plus d’années pour combler le « déficit » des caisses de retraite, une grande entreprise privée comme TotalEnergies, qui vend du gaz liquide, vient d’annoncer qu’elle a réalisé l’année dernière un bénéfice net record de 19,5 milliards d’euros. Comme on scande dans les marches, « de l’argent / il y en a / dans les caisses du patronat ! »
Pour une grève générale jusqu’au retrait de la réforme
Bien que le principal mot d’ordre des manifestations soit le rejet de la réforme des retraites, elles canalisent le fort mécontentement social accumulé pendant la crise, aggravé ensuite par la pandémie et la guerre. Par exemple, bien que l’on parle d’un taux d’inflation annuel de 6%, il représente 40% pour certaines denrées alimentaires, tandis que les salaires sont toujours en retard sur le coût de la vie. C’est pourquoi, lors de la marche du 7, parallèlement au débat sur la manière de poursuivre la lutte, des slogans tels que « Non à l’augmentation de l’âge de la retraite, Oui à l’augmentation des salaires » ont été popularisés.
Ce samedi 11 mars, il y aura une nouvelle journée de lutte, et l’Intersyndicale en a déjà appelé une autre pour le jeudi 16 mars. Dans certains syndicats, commence à émerger l’idée d’appeler à une grève générale reconductible, à partir du 7 mars. Il faut une plus grande pression d’en bas, de chaque endroit de travail, pour obliger les directions syndicales à durcir la lutte ou pour les dépasser, car les rues de France confirment qu’il est possible de vaincre Macron et sa réforme scélérate.