Alors qu’il a urgence à augmenter les salaires, bloquer les prix et les loyers, alors que les crises énergétiques et climatiques explosent, le gouvernement Macron a fait voter au Parlement deux lois en contradiction avec les besoins fondamentaux de la population. Bien sûr, pas plus la NUPES que les bureaucraties syndicales n’ont appelé à la mobilisation pendant cet été ni aux premiers jours de septembre. Pendant que les syndicats réformistes, vont aller négocier avec Macron dans le Conseil National de la Refondation, la CGT, la FSU et Solidaires invitent à patienter pour manifester le jour J, le 29 septembre, et pas plus, tandis que LFI envisage de mobiliser un samedi de la mi-octobre, juste avant les vacances scolaires. Ce calendrier n’est rien d’autre qu’un plan d’accompagnement et de capitulation devant les impératifs fixés par Macron-Borne et le MEDEF.Les masses sauront déjouer tous ces pièges, balayer ces obstacles…
La Commune
La loi d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat a été votée le 4 août 2022 en commission paritaire Assemblée nationale-Sénat. Cette loi fourre-tout révèle tout un arsenal de mesures anti-ouvrières. De ce point de vue, le volet « protection du niveau de vie des Français » tient essentiellement à l’annonce de dispositifs à la marge, ponctuels, temporaires, défiscalisés et exonérés de cotisations sociales. L’ensemble de ces mesures, ajoutées à celles de la loi de finances rectificative pour 2022 (datée du 16 août 2022) qui octroie 44 milliards supplémentaires au budget de l’État, se caractérise par de très faibles revalorisations des salaires et des pensions, en deçà de la hausse de l’inflation (dépassant désormais les 6 %), l’octroi de primes facultatives et dérisoires et ce, sans bloquer la hausse des prix des produits alimentaires, de l’énergie ou des loyers ! Voici les principaux détails de ces deux lois.
Aucune indexation des salaires et des retraites sur l’inflation !
En effet, il n’a aucune mesure pérenne face à l’inflation. Alors que Macron candidat avait promis l’indexation des pensions sur l’inflation, Macron président a décidé que seule interviendrait une revalorisation de 4% des pensions de retraite de base, du Revenu de Solidarité Active (RSA), des allocations familiales ou de l’allocation aux adultes handicapé.e.s. Prévue pour juillet, cette hausse se fait attendre et devrait être versée le 9 septembre…
4 % pour les retraites de base du privé, aucune mesure pour les retraites complémentaires, aucune mesure pour les retraites des fonctionnaires… avec une inflation à 6,1 % et qui pourrait dépasser les 10 % d’ici la fin de l’année !
Pour ce qui est des fonctionnaires en activité, la hausse prévue (3,5 %) ne compense pas la perte de pouvoir d’achat du point estimée par la CGT à 10 % au moins, suite au gel du point d’indice mis en place depuis 2007…
Pour le privé, Macron veut inciter, via un outil de restructuration des branches professionnelles, les partenaires sociaux à rehausser régulièrement leurs minima de branche au niveau du SMIC (après avoir incité au contraire les années précédentes).
Pour rappel, l’indexation des salaires sur les prix a été supprimée en 1983 par le gouvernement socialiste dirigée par Pierre Mauroy, au nom de la lutte contre l’inflation. Aujourd’hui encore, les économistes évoquent la spirale inflationniste qui, si les patrons augmentent les salaires, entraînerait la hausse des prix, et ainsi de suite.
Mais, pourtant, il y a une solution : le blocage de la hausse des prix !
Aucun blocage des prix des produits de première nécessité et des loyers !
Loin de bloquer ou baisser les prix, le gouvernement opte pour une hausse « raisonnée » des coûts de l’énergie : prolongement de la « remise carburant » jusqu’à la fin 2022 (30 centimes par litre en septembre et octobre ; puis 10 centimes par litre en novembre et décembre) ; maintien en 2022 du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie mis en place fin 2021 (plafonnement de la hausse des factures d’électricité à 4% et gel des prix du gaz à leur niveau d’octobre 2021). Il octroie aussi diverses aides défiscalisées : aide d’urgence pour les foyers se chauffant au fioul (230 millions d’euros) ; doublement pour 2 ans du plafond d’exonération de la prime carburant versée par les employeurs…
La hausse des loyers ne pourra dépasser 3,5 % (seulement jusqu’au 30 juin 2023 !), non compensés par la revalorisation de 3,5% de l’Aide Personnalisée au Logement (APL) que le gouvernement avait précédemment baissée…
Primes, exonérations, défiscalisations
Sinon, ce sont des primes exonérées de cotisations sociales (ancienne prime Macron désormais appelée « prime de partage de la valeur » portée à 3000 ou 6000 euros par an, facultative et distribuée selon le bon vouloir du patron : prime exceptionnelle par l’État de 100 euros par foyer (et de 50 euros par enfant) pour les personnes recevant les minimas sociaux…)
La loi porte aussi des suppressions ou des réductions des cotisations sociales (possibilité d’heures supplémentaires avec réduction des cotisations sociales pour les entreprises de 20 à 249 salarié.e.s ; suppression définitive des cotisations sociales, jusqu’à 550 euros par an, pour les indépendants touchant un revenu inférieur ou égal au SMIC…)
Ce sont des augmentations de salaires que nous réclamons, et non la charité : 40 millions d’euros (sur 44 milliards !) sont destinées à des associations d’aide alimentaire.
Exonération des cotisations sociales et défiscalisation sont les moyens trouvés par le gouvernement pour que cela coûte le moins cher possible aux employeurs et à l’État… avec son corollaire qui justifiera ensuite toutes les réformes à venir : la hausse du trou de la Sécurité sociale et de la dette de l’État !
Enfin des mesures qui ne coûtent pas un sou aux patrons et gouvernement puisque cela porte sur des sommes appartenant déjà aux salarié.e.s : déblocage possible et exceptionnel de l’épargne salariale jusqu’au 31 décembre 2022 ; utilisation possible des tickets restaurant pour tout achat alimentaire jusqu’au 31 décembre 2023.
Et le top du top: la possibilité de rachat des jours RTT (qui seront exonérés d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales jusqu’au 31 décembre 2025). Heureusement que Jospin et Aubry ont annualisé le temps de travail, sinon ce n’aurait jamais été possible !!!
N’oublions pas les différents cavaliers législatifs de cette loi d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat : mesures de « protection du consommateur » (résiliation en ligne facilitée ; lutte contre les pratiques commerciales illicites…) ; mesures sur le transport routier de marchandises ; mesures sur les huiles usagées comme carburant ; mesures concernant « la souveraineté énergétique ».
Recours aux énergies fossiles
Arrêtons-nous sur ces mesures de « souveraineté énergétique » et aux dispositions de sécurité prise pour les approvisionnements en électricité et en gaz ainsi qu’à l’accès régulé à l’énergie nucléaire. Une partie des mesures porte sur le stockage de gaz naturel en vue de faire face à toute « menace pesant sur la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel ou en électricité », sur les mesures d’urgence et exceptionnelles permettant à l’État de décider dans ces situations. En dehors de toute décision démocratique ou contrôlée par le Parlement, le gouvernement, probablement en Conseil de défense comme le 2 septembre 2022, décidera le choix des utilisations de l’énergie : lesquelles sont indispensables, lesquelles sont inutiles…
Dans la loi sur le pouvoir d’achat, a été décidé le recours aux énergies fossiles : réquisition des centrales à gaz pendant 4 ans maximum, création d’un terminal méthanier flottant au large du Havre, remise en route des deux dernières centrales à charbon, celle de Cordemais (Loire-Atlantique) encore en activité et celle de Saint-Avold (Moselle) qui devait fermer en mars 2022…
Le projet de terminal méthanier est porté par TotalÉnergies : l’article 14 de la loi déroge aux obligations d’études environnementales et permet des simplifications administratives pour hâter sa création afin d’augmenter les importations de gaz de schiste en provenance des États-Unis et de gaz du Qatar. Un projet non pérenne ? Il ne sera prêt que dans environ un an et demi et nécessitera à minima 10 ans pour être amorti, 20 pour être rentable. C’est un recours durable aux énergies fossiles ! Aucune mesure à l’opposé pour la recherche et le développement des énergies renouvelables !
Par contre, dans la loi de finances, la renationalisation totale d’EDF (pour un coût 9,7 milliards d’euros) permettra à l’État de prendre en charge la lourde dette de l’entreprise et orienter la production de l’électricité vers le nucléaire, en investissant dans un nouveau programme de réacteurs. C’est toujours le même principe : au privé et aux capitalistes, les profits; à l’État, et à la population, la dette et les investissements !
Parmi les divers cavaliers législatifs : si la destruction de l’archéologie préventive a été évitée de peu grâce à la vigilance des salarié.e.s du secteur, le programme d’ajustement capitaliste est mis en place par la suppression dès 2022 de la contribution à l’audiovisuel public (« redevance télévision »), mettant en mal l’indépendance et l’existence du secteur public audiovisuel mais aussi, à l’initiative du Sénat, une enveloppe de 20 millions d’euros pour lancer le chantier de la carte Vitale biométrique dans l’objectif de lutter contre la fraude sociale !!!
Ces deux lois n’ont décidément rien à voir avec la défense et l’augmentation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière. On l’a remarqué : les chômeuses et chômeurs sont exclu.e.s du dispositif et subissent de plein fouet la réforme de l’assurance-chômage. La baisse de leur indemnisation par cette réforme n’est a priori pas suffisante pour le gouvernement qui envisage une nouvelle réforme sur ce sujet très prochainement.
Pendant que le Parlement votait ces deux lois, le gouvernement aiguisait ses armes pour baisser encore le coût des pensions en reculant l’âge de la retraite, en fusionnant les régimes…
Il n’y a qu’une riposte, la grève générale
Face à ces attaques, force est de constater que la NUPES n’a fait que gesticuler au Parlement. En menant une « bataille d’amendements », qui n’a bien sûr donné aucun résultat, tout en excluant l’intervention directe des masses pour augmenter le rapport de forces face à Macron, à la droite, à l’extrême droite et au MEDEF.
Alors que l’été a été égrené de grèves multiples en France pour l’augmentation des salaires, comme dans le reste de l’Europe, aucune bureaucratie syndicale ne s’est risquée à appeler à la grève générale durant le temps du débat parlementaire ou même dès la rentrée.
Au contraire, dès juin, les salarié.e.s ont été appelé.e.s à une grande mobilisation … le 29 septembre ! Mélenchon qui voulait soi-disant en découdre, convoque désormais sa « Marche contre la vie chère » en octobre ! Les provocations de Macron avec la fin de l’abondance et de l’insouciance n’y ont rien fait : la grève du 29 septembre, et pas avant, sera sans lendemain.
Le seul renoncement des organisations politiques et syndicales, à part bien sûr la CFDT, la CFDT et la CGC, sera de ne pas se rendre au Conseil National de la Refondation ou CNR que Macron convoque le 8 septembre. Une énième fausse concertation avec des Français.e.s tiré.e.s au sort auquel.le.s Macron voulait jouer son air favori, en bras de chemise, celui du héros entraînant la nation derrière lui ! C’est un peu mal parti…
Quoi qu’il en soit, si le 29 n’est pas suivi d’un 30, rien ne sortira de la mobilisation !
Pour La Commune, la tâche immédiate est la satisfaction des besoins de la classe ouvrière par un plan d’urgence, par la grève générale jusqu’à satisfaction :
- Augmentation générale de 500 euros nets des salaires, des minima sociaux et des pensions à égalité hommes et femmes
- Pas un salaire, pas une retraite en dessous de 2 000 euros nets
- Indexation des salaires et des retraites sur les prix
- Retour à la retraite à 60 ans, pour 37,5 annuités de cotisations et un taux de remplacement de 75 %
- Baisse et blocage des prix sur les produits de première nécessité et suppression de la TVA
- Retour immédiat de l’ISF afin que la crise soit payée par ses responsables, les capitalistes
- Défense inconditionnelle de la Sécurité sociale, du salaire différé, sur les bases du modèle 1945