Le mardi 31 janvier, une nouvelle grève générale avec mobilisation a secoué toute la France. Il s’agit de la deuxième journée massive de lutte contre la réforme anti-retraites que le président Emmanuel Macron entend imposer. Quels sont les défis à relever pour gagner cette bataille difficile ?
Pablo Vasco, de Paris
La CGT a calculé la participation aux mobilisations en deux millions à l’échelle nationale le 19 janvier et en 2,8 millions le 31 janvier. Mais les chiffres officiels eux-mêmes ne laissent pas beaucoup de place à la controverse. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait fait état le 19 janvier de 1120000 personnes mobilisées, a dû reconnaître plus de 1270000 personnes. C’est-à-dire, plus que la fois précédente. A Paris, un demi-million de personnes ont défilé pendant plusieurs heures de la place d’Italie à la place Vauban.
En moins de deux semaines, et malgré l’affirmation du Premier ministre Élisabeth Borne que la retraite à 64 ans “n’est plus négociable”, malgré le déploiement policier intimidant et malgré les hésitations de la bureaucratie des centrales organisées á l’Intersyndicale[1], le mouvement anti-réforme s’est clairement renforcé. Un fait non négligeable est la forte mobilisation populaire dans les villes moyennes et petites de l’intérieur du pays, qui exprime un fort rejet de la réforme par ce qu’on appelle « la France profonde », qui, contrairement à Paris et aux autres grandes villes, est normalement plus calme. Sans être encore massives, les assemblées précédentes, les blocages dans plusieurs lycées et les cortèges étudiants dans les manifs ont également montré que l’implication de la jeunesse est croissante.
Battre Macron et les patrons, c’est possible
Quant á la grève, les taux de participation continuent de montrer de fortes inégalités. Les travailleurs du transport public (Métro, bus, RER, TER, TGV), des raffineries de pétrole et de l’éducation nationale ont à nouveau marqué un score élevé. Dans d’autres secteurs, en revanche, le taux de grève était nettement plus faible. Le fait est que les pertes de salaires pour grève, plus une direction syndicale qui fait “pression” mais ne s’engage pas pour le retrait de la réforme, génèrent des doutes logiques chez les travailleurs.
Hier soir, après les marches, l’Intersyndicale a annoncé deux nouvelles dates de grève et de mobilisation pour les prochains jours : mardi 7 et samedi 11 février. « Le gouvernement doit écouter le rejet massif de ce projet et le retirer », ont-ils déclaré dans leur communiqué de presse. Mais certains syndicats vont plus loin. Les travailleurs des raffineries de la CGT-Pétrole, par exemple, prévoient de faire grève les 6, 7 et 8.
Pour gagner cette lutte décisive, la base de chaque secteur de travail doit prendre le combat en main, par le biais d’assemblées générales et des coordinations interpro des différents secteurs. Là, il faut débattre et voter sur un plan de lutte jusqu’à ce que la réforme soit finalement retirée. La revendication d’une augmentation immédiate des salaires doit également être intégrée dans le programme de lutte. Avec ces certitudes, il y a une chance de victoire contre Macron et les capitalistes.
Dans ce contexte, l’aile révolutionnaire du NPA, dans laquelle militons les camarades de la LIS en France, prépare avec beaucoup d’enthousiasme le meeting politique et de lutte du mercredi 8 février à La Bellevilloise à Paris.
[1] CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU.