Par Gérard Florenson

Le dernier article à la mode : le kit de survie que chacun doit avoir chez soi pour tenir quelques jours en cas de catastrophe, le temps que les conditions de vie normales soient rétablies. En cas de catastrophe ? Les gouvernements et même l´UE disent clairement : en cas de conflit militaire, auquel nous sommes invités à nous préparer.

En attendant que les trousses toutes prêtes soient vendues dans les supermarchés on discute, dans les milieux où on ne manque de rien et où on fustige volontiers les citoyens imprévoyants, de ce que doit contenir le kit. Dans la liste des objets indispensables ils ont même pensé au jeu de cartes pour passer le temps dans les abris !

Cette soudaine sollicitude est surprenante. Les situations dramatiques en sont pas nouvelles même en Europe : inondations, importantes chutes de neige, séismes mais aussi accidents dans des usines chimiques ont non seulement fait des victimes et occasionné des destructions mais aussi laissé des populations sans abri ou tout au moins isolées, sans électricité ni eau potable. On n’en nous a pas parlé pour autant de kit de survie.

Ce qui est évident est que le dérèglement climatique va accroître les risques et que les économies sur la sécurité des installations, centrales nucléaires comprises, vont dans le même sens. Plutôt que de préconiser le stockage individuel il faut remettre en cause la concentration de la grande distribution et la politique des flux tendus.

Par ailleurs, outre les objets usuels que beaucoup ont déjà chez eux, on nous conseille de faire des provisions. Ministres, militaires, journalistes aux ordres, ces gens-là ne connaissent pas les fins de mois difficiles de celles et ceux qui en peuvent guère anticiper leurs achats et il est facile de faire la morale quand on a des buffets et une cave bien garnis.

La guerre demain ? Les profits tout de suite !

Le baratin autour du kit de survie a un seul but : faire peur pour préparer la population à accepter des sacrifices pour permettre de consacrer des sommes colossales aux budgets militaires, au détriment des services utiles. Pour les capitalistes il est plus rentable de fabriquer des chars et des missiles que de vendre des bougies. Les clients sont tout trouvés, ce sont les Etats, charge à eux de se rendre solvables en sabrant les acquis sociaux. Et dans tous les pays on se prépare à multiplier les usines de mort.

Dans le même temps la menace de guerre permet de justifier les restrictions aux libertés démocratiques. Nous voyons la répression contre une prétendue apologie du terrorisme, les opposants au réarmement seront bientôt des ennemis intérieurs… Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l´orage (Jean Jaurès). Si nous voulons la paix, le pain et la liberté détruisons le capitalisme !