Halte à l’intervention militaire en Haïti

Nous reproduisons l’appel international lancé par de nombreuses organisations populaires en Haïti contre toute intervention impérialiste, signé à la capitale Port-au-Prince le 23 septembre, qui nous a été envoyé par le camarade Odson Charnel, du ROZO Haïti (Réseau des Organisations de la Zone Ouest, Haïti) ; depuis la LIS nous la soutenons et nous appelons à la promouvoir dans le monde entier.

Le couvert trompe le soleil, mais pas la pluie

En 1994, les États-Unis et les forces armées haïtiennes ont utilisé le coup d’État du 30 septembre, la violence des civils armés du FRAPH[1] et l’embargo commercial pour justifier leur intervention militaire en Haïti. Aujourd’hui, il est clair que l’objectif de cette intervention était le durcissement du projet néolibéral et la privatisation. L’intervention militaire de 1994 et le projet néolibéral américain ont signifié une crise, une famine, une misère énormes pour les masses.

En 2023, 30 ans après l’intervention, le pouvoir du PHTK[2] et du Core Group[3], dirigé par les Américains, ont utilisé les gangs et l’embargo sur la mangue Fransik[4] pour justifier et approfondir l’intervention militaire. Maintenant, ils veulent sauver le système pourri qu’ils ont créé avec une nouvelle intervention militaire, mais le peuple se soulève. Il faut déraciner les racines du système d’occupation pour que le peuple haïtien puisse progresser dans ses aspirations au bien-être, à la liberté, à une démocratie authentique.

Les masses haïtiennes ont découvert que le problème réside précisément dans le système néocolonial d’occupation imposé par les États-Unis et il est de plus en plus clair que les solutions à leurs problèmes élémentaires ne peuvent pas du tout être résolues par l’occupation militaire étrangère. Bien au contraire : ils s’aggravent avec virulence.

L’intervention militaire est une ruse du gouvernement fantoche d’Ariel Henry, pour maintenir à tout prix l’ingérence de ses maîtres colonialistes dans la politique haïtienne. Le gouvernement prétend être juge et partie, ce qui doit être absolument rejeté.

Les organisations et militant.e.s d’Haïti qui signons cette note, nous déclarons :

1. Il n’y a pas de solution avec l’occupation militaire étrangère pour répondre à la crise de la faim, de la justice sociale, de la sécurité, de la démocratie en Haïti.

2. L’agissement entre le Core Group et le gouvernement américain entraîne davantage de problèmes et de souffrances pour la grande majorité du peuple haïtien.

3. Les masses exigent d’autres dirigeants, sans aucune soumission aux puissances étrangères, pour construire un autre pays doté d’une démocratie, d’une justice, d’une sécurité, d’un bien-être authentiques.

4. Le peuple haïtien exige le respect de ses revendications et de la voie souveraine et indépendante qu’il détermine pour faire face à la crise brutale qu’il subit et vivre en paix.

5. Nous nous engageons à continuer de lutter sur le front de la résistance, aux côtés des masses haïtiennes, championnes de la lutte pour la liberté et l’indépendance réelle.

6. Nous appelons à la solidarité internationale, envers nos frères, ami.e.s, militant.e.s, révolutionnaires pour la liberté et la justice sociale dans les Caraïbes, en Amérique latine, en Afrique et dans le monde entier. Nous appelons à nous unir aux côtés du peuple haïtien dans ses luttes pour la liberté, l’autonomie et pour le droit de décider de son destin et de ses richesses, aujourd’hui appropriées par les mafias qui soutiennent l’occupation étrangère.

  • Konbit Fanm / ROZO, Nancy Marie Delcy
  • Fos Nasyonal pou Demokrasi (FND), Serge Jean Louis
  • Inyon Nasyonal Nòmalyen Ayisyen (UNNOH), Josué Merilien
  • Asosiyasyon Ayisyano / Dominikè pou yon lòt Zile, Michel A. Léandre
  • Lig Etidyan Sosyalis (LES), Patricia Marie Alcide
  • Mouvman Rezistans Kafou Fèy Fanel, Jean St Cyr
  • Inisyativ Patriyòt Maryen (IPAM), Hugues Célestin
  • Renouvo Demokratik, Yves Pierre
  • Renouvo Demokratik Ayiti-Lwés (RDL), Dominique G. Antoine
  • Rezo Òganizasyon Zòn Lwès (ROZO), Mirtha Elie
  • Sendika Nasyonal Planté Yo (SNP), Eugène Dominique
  • Brigad Capois Lamort / Nord (BCL), Dorlus P. Bertrand
  • Hommes nan Hommes / France, Yves Descartes
  • Òganizasyon Peyizan Boukan Kare (OPBK), Josiane Dolcima
  • Altènativ Sid / ALBA (AS/ALBA), Rodrigues Santos
  • Sendika Pwofesè Sen Rafayèl, Noel P. Dorlus
  • Asosiysyon Monitè Alfa Pòtoprens (AMAP), Bredy Alix
  • Komite Rezistans Klod Anri René, Bien Aimé Lurcas
  • Prière Enfómasyon Pou Libété (REL), Lucie Desroche
  • Evelyne Schiluno, Magda Joseph, Yves Mensier, Yolande Laferrière, Jean Emile Fayedi, Pou Otantifikasyon…

[1] Front pour l’avancement et le progrès en Haïti, groupe paramilitaire d’extrême droite.

[2] Parti haïtien Tèt Kale (tête chauve, en créole). Son dirigeant Jovenel Moïse a été président de 2017 jusqu’à son assassinat en 2021.

[3] Groupe impérialiste, composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis, de France, de l’Union européenne et des représentants de l’OEA et de l’ONU.

[4] Produit d’exportation.