Par Douglas Diniz – Journaliste (RSF), Membre du Conseil d’Administration de Socialist Revolution et de la Ligue Internationale Socialiste (RS/LIS), Coordinateur du Portail Info.Revolution
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Belém, PA – L’Amazonie abrite une ressource naturelle d’une valeur inestimable : le système aquifère du Grand Amazone (SAGA). La révélation de son potentiel colossal n’est cependant pas une raison de se réjouir, mais plutôt un avertissement écosocialiste sur l’urgence de défendre ce bien commun contre l’avancée prédatrice du capital.
Les scientifiques confirment que ce vaste « océan souterrain » est le plus grand aquifère de la planète. Mais l’accent ne doit pas être mis uniquement sur sa grandeur, mais aussi sur le conflit de classes que son existence expose.
Avec un volume estimé à 162 000 kilomètres cubes, SAGA contient suffisamment d’eau pour approvisionner la planète entière pendant 250 ans. Pourtant, cette richesse ne peut pas – et ne doit pas – être traitée comme une marchandise de plus à exploiter par le marché.
La vie des forêts en jeu : la lutte contre l’agro-industrie
Des chercheurs de l’université fédérale du Pará (UFPA) ont confirmé que le SAGA et la forêt amazonienne sont mutuellement dépendants : l’un ne peut survivre sans l’autre. C’est de cette alliance vitale que proviennent les pluies qui irriguent le Brésil.
Chaque année, la forêt transfère environ huit quadrillions de litres d’eau vers le reste du pays, en maintenant les précipitations dans le Midwest et le Sud-Est.
Ironiquement, c’est cette même eau amazonienne qui soutient aujourd’hui l’agro-industrie, l’un des secteurs les plus lucratifs de l’économie brésilienne – et aussi le principal vecteur de la destruction de la forêt qui garantit la survie de sa propre eau.
L’exploitation prédatrice de l’Amazonie, motivée par les profits immédiats de l’agro-industrie et du capital extractif, menace le système hydrique qui soutient la vie et l’économie de tout le continent. Le profit capitaliste s’avère une fois de plus être l’ennemi direct de la vie sur la planète.
Souveraineté et écosocialisme
L’existence du système aquifère du Grand Amazone (SAGA ) représente une richesse stratégique et un pilier essentiel de la souveraineté brésilienne. Cependant, cette souveraineté ne sera effective que si la gestion des ressources naturelles est entre les mains du peuple – et non subordonnée aux intérêts du capital.

En 2024, le gouverneur du Pará, Helder Barbalho (MDB), a privatisé la Companhia de Saneamento do Pará (COSANPA), malgré la forte opposition des mouvements sociaux et la mobilisation intense du mouvement syndical du Pará.
La cession de COSANPA à des entreprises privées – dans un État qui abrite la plus grande réserve d’eau souterraine de la planète – met en évidence la contradiction entre le discours et la pratique du gouvernement. Le discours sur la « défense du patrimoine naturel », répété par Helder Barbalho à la veille de la COP 30, s’avère être de l’esbroufe.
En donnant la priorité aux profits des grandes entreprises, le gouverneur relègue au second plan la sécurité de l’eau et la gestion démocratique des ressources publiques.
Pour les défenseurs de l’écosocialisme, opposés au capitalisme dit vert et au modèle de « développement durable » imposé par les entreprises, le SAGA ne se négocie pas. Il s’agit d’un bien commun qui doit rester sous contrôle public et populaire, dans le cadre de la lutte pour la défense de la vie, de la souveraineté et de l’Amazonie.
Poursuivre la lecture
- Qu’est-ce que SAGA : Le système aquifère du Grand Amazone est la plus grande réserve souterraine d’eau douce de la planète, une ressource stratégique vitale pour le Brésil et pour la sécurité de l’eau dans le monde.
- Situation : Elle s’étend sous la région amazonienne, à partir des contreforts des Andes. Elle couvre des parties de l’Équateur, de la Colombie, du Pérou et surtout du Brésil, dont une grande partie est située dans l’État du Pará.
- Découverte et volume : découvert en 2013, il a un volume estimé à plus de 162 000 km³ d’eau, dépassant de loin l’aquifère Guarani.
- Importance nationale : recharge les rivières et joue un rôle crucial dans les précipitations dans les régions éloignées telles que le Midwest et le Sud-Est.
- Équilibre écologique : il existe une dépendance mutuelle entre l’aquifère et la forêt amazonienne. En augmentant l’humidité atmosphérique, la forêt assure le maintien et la recharge continue du SAGA.
- Risques et menaces : la déforestation, l’exploitation minière et l’exploitation prédatrice menacent en permanence cette réserve d’eau inestimable.
- Sécurité mondiale de l’eau : la protection de l’Amazonie et du SAGA est essentielle pour garantir l’accès à l’eau potable et maintenir l’équilibre du cycle planétaire de l’eau, en réaffirmant la souveraineté du Brésil sur une ressource irremplaçable.




