Résolution politique de la Conférence Internationale de la LIS (le 9 août 2020)

La pandémie de Covid-19, qui a déjà coûté la vie à au moins 700 000 personnes, a démasqué la barbarie du système capitaliste, elle a précipité et exacerbé la profonde crise capitaliste qui commençait à se dérouler vers la fin 2019.
Le capitalisme n’avait pas réussi à se remettre de la crise systémique qui a éclaté en 2008 alors que l’année dernière il allait vers une nouvelle récession mondiale. Les capitalistes et leurs gouvernements ont répondu de la seule manière qu’ils connaissent : approfondissant leur guerre contre les salarié.e.s et contra la planète afin de sauver leurs profits ; avec plus d’austérité, des licenciements massifs, de la précarité, des attaques contre les salaires, les retraites et les conditions de vie de la classe ouvrière ; plus de pillage, d’extractivisme et de destruction ; plus de réductions des droits sociaux et démocratiques ; plus de répression pour faire passer leurs plans d’austérité ; et plus grands conflits inter-impérialistes, principalement entre les États-Unis et la Chine, pour se disputer une masse de plus-value mondiale qui diminue.
Les masses ouvrières ont réagi en déclenchant une vague de rébellions et de révolutions qui en quelques mois ont balayé les régions les plus diverses de la planète, avec des épicentres dans des pays comme la France, le Chili et le Liban, mais de portée régionale et d’impact mondial. Partout les processus ont présenté des caractéristiques communes : de mobilisations massives contre les plans d’austérité du capitalisme et de ses gouvernements, radicalisation à grande échelle avec les jeunes et les femmes à l’avant-garde.
Par conséquent, la polarisation sociale et politique qui progresse dans le monde depuis 2008 s’approfondit. L’absence de dirigeants révolutionnaires avec influence de masse et les limites insurmontables du nationalisme bourgeois, du centre-gauche et du réformisme ont permis à des secteurs de droite et d’extrême droite d’arriver au gouvernement dans divers pays. Mais ceux-ci sont rapidement épuisés car ils ne ressoudent pas les problèmes du peuple ni battent le mouvement de masses. Elle n’a pas non plus arrêté l’expansion et la radicalisation d’une importante avant-garde, plutôt jeune, qui ouvre de nouvelles opportunités pour résoudre la tâche historique la plus importante : la construction d’une direction révolutionnaire du mouvement ouvrier mondial.
La pandémie Covid-19 est venue exacerber toutes les contradictions de la crise capitaliste et la lutte des classes. Elle précipita la crise capitaliste qui se préparait, provoquant la récession mondiale la plus profonde depuis près de 100 ans. Les gouvernements capitalistes se sont consacrés à la sauvegarde des intérêts de la bourgeoisie au détriment de la santé et de la vie de millions de personnes, tandis que le chômage et la pauvreté ont atteint des niveaux historiques. Mais la réponse des masses s’intensifie également. La gigantesque rébellion au cœur de l’empire après l’assassinat de George Floyd, qui a conduit des millions de personnes à descendre dans la rue, bien que les États-Unis soient l’un des pays les plus touchés par le coronavirus, en est une preuve claire. La résurgence de la mobilisation en France, au Brésil, au Liban et dans d’autres pays indique que la dynamique de la rébellion mondiale ne fera que s’aggraver après la pandémie.
À cette conférence internationale, nous réaffirmons notre stratégie socialiste révolutionnaire, nous manifestons une orientation et un programme pour intervenir dans la lutte de classe mondiale et pour construire des partis et une internationale révolutionnaire :

Non aux plans d’austérité, aux privatisations, aux licenciements, à la précarité de l’emploi. Pour une issue ouvrière et socialiste à la crise capitaliste. Le capitalisme n’a qu’une seule réponse à la crise : augmenter l’exploitation et la destruction pour essayer de sauver ses profits. La nôtre est le contraire : c’est aux capitalistes de payer la crise qu’ils ont provoquée. Nous nous engageons à lutter contre toutes les politiques d’austérité et toutes les formes de privatisation, pour des quarantaines avec pleins droits sociaux et un plan d’urgence pour protéger la vie du peuple travailleur : interdiction des licenciements, des suspensions et des baisses de salaire par loi ; réduction et répartition des heures de travail, travailler moins pour que tout le monde travaille ; nationalisation sous contrôle ouvrier de toute entreprise qui ferme ; des salaires en fonction du coût de vie réel ; contre toute forme de précarité de l’emploi, dont souffrent principalement nos jeunes ; contrôle ouvrier de la production et planification démocratique de l’économie.

Pour le droit d’organisation dans les lieux de travail et dans les établissements d’enseignement. Nous luttons pour le droit de syndicalisation pour la classe ouvrière et la jeunesse à tous les niveaux. Contre toutes sortes d’interdictions de syndicalisation sur les lieux de travail et sur les campus scolaires. Le droit de négociation collective des salarié.e.s et la participation des représentants étudiants aux affaires du campus doivent être reconnus dans la pratique.

Contre toute oppression raciste, chauviniste, fondamentaliste, sexiste, homophobe. Nous luttons pour le démantèlement des institutions racistes, chauvines, fondamentalistes, sexistes et homophobes ; nous nous levons pour faire face dans la rue aux menaces fascistes ; pour la séparation de l’Etat et les institutions religieuses, pour la suppression de toutes subventions qui leur sont accordées ; pour des budgets suffisants pour combattre les féminicides et la violence sexiste, garantissant une assistance complète gratuite, des abris et des aides pour les femmes ; pour une éducation sexuelle intégrale ; pour la défense du droit d’avortement légal, sûr et gratuit, et d’autres droits reproductifs et sociaux des femmes et de la dissidence sexuelle ; contre toute discrimination, pour une véritable égalité et des droits humains, sociaux et de genre pour toutes et tous. Contre la discrimination des migrant.e.s, pour leur régularisation documentaire et pour programmes d’inclusion sociale de plein droit.

La santé et l’éducation sont des droits. Nous défendons l’éducation publique, gratuite, scientifique, laïque, non sexiste et obligatoire à tous les niveaux ; l’admission sans restriction à l’université publique ; l’autonomie universitaire, le co-gouvernement universitaire à majorité étudiante et les pleins droits d’organisation syndicale et politique étudiante. Contre la privatisation capitaliste de la santé, nous luttons pour un système de santé unique, public et gratuit.

Pour le droit universel au logement : le capitalisme marchandise tout. Dans la campagne le territoire, expropriant les communautés paysannes et indigènes, à travers les pools de semences et l’agro-industrie ; dans les villes, s’appropriant l’espace public pour le développement de grandes entreprises immobilières spéculatives, affectant les travailleurs et les secteurs populaires incapables d’accéder à leur propre logement et les loyers représentent jusqu’à 50% ou plus de nos revenus de misère. Alors, nous luttons pour le droit universel au logement et pour arrêter le marché spéculatif sur la valeur du sol. Nous luttons pour des réformes agraires qui nationalisent et qui répartissent la terre entre ceux et celles qui la travaillent, avec des aides et promotion par l’État d’une agriculture collective moderne et mécanisée.

Contre l’impérialisme, pour l’autodétermination des peuples opprimés. Nous sommes contre toute intervention, ingérence, domination impérialiste. Nous luttons pour le retrait des troupes impérialistes qui occupent chaque pays ; pour la fin des blocus impérialistes comme ceux des États-Unis contre Cuba, le Venezuela ou l’Iran ; pour la fin des enclaves impérialistes et des bases militaires ; pour l’indépendance des colonies ; pour une Palestine unique, laïque et non raciste.
Nous défendons le droit à l’autodétermination des peuples du Cachemire, du Kurdistan, de Catalogne, d’Euzkadi, du Sahara occidental et de tous les peuples opprimés. Nous proposons l’abolition totale et révolutionnaire des dettes extérieures, des accords de libre-échange impérialistes, des unions douanières et économiques capitalistes ; nous impulsons l’union libre des peuples dans des fédérations volontaires de républiques socialistes et démocratiques.

Contre la destruction capitaliste de la nature. La destruction environnementale causée par le mode de production capitaliste amène la planète à la limite qui peut provoquer l’extinction de l’humanité. Nous proposons les mesures urgentes et profondes nécessaires pour renverser cette voie : l’interdiction de la méga-extraction, de la fracturation hydraulique, des pesticides, de l’extractivisme urbain, de la bétonisation spéculative ; la reconversion productive des industries polluantes, garantissant la continuité du travail ; un programme de transition vers un modèle d’énergie propre et renouvelable ; la promotion de transports publics accessibles et décents ; une planification économique démocratique au service des besoins humains et de la préservation de la nature.

Pour le socialisme mondial. Nous sommes socialistes et nous travaillons pour un monde sans exploitation, sans oppression, sans frontières nationales. Notre proposition n’a rien à voir avec celle soulevée par la social-démocratie, ni avec les expériences bureaucratiques du passé, ni avec le capitalisme d’État en Chine. Le Nicaragua et le Venezuela ne sont pas socialistes. Contrairement à ce que proclament diverses expressions réformistes, il n’y a pas de capitalisme humain ou progressiste possible. Ce système ne peut pas être réformé, il doit être éradiqué et remplacé par un autre, dans lequel la majorité ouvrière gère les ressources et la richesse sociale et détermine démocratiquement comment organiser la société et la production et distribution de la richesse ; un système socialiste. Cela n’est possible qu’en luttant pour des gouvernements des travailleurs et du peuple qui approfondissent la révolution dans leurs pays, en expropriant sous contrôle ouvrier les grandes entreprises, les banques et le commerce extérieur ; et en l’étendant aux niveaux régional et international. Cela n’est possible qu’avec la destruction de l’État capitaliste et la construction d’États ouvriers avec des régimes démocratiques basés sur les organismes que les salarié.e.s construisent dans le feu de leur combat contre le capitalisme impérialiste.

Pour la construction de partis léninistes et d’une internationale révolutionnaire. Pour réaliser le monde socialiste pour lequel nous nous battons, où la classe ouvrière, la jeunesse et les femmes puissent vivre une vie pleine, digne, en paix, il est essentiel de construire des partis socialistes révolutionnaires qui -sans sectarisme ni opportunisme d’aucune sorte- gagnent la confiance de la plupart des salarié.e.s et d’autres secteurs populaires de nos pays. En même temps, il faut déployer tous les efforts nécessaires pour mettre en place une véritable organisation internationale où les forces des révolutionnaires dans le monde entier soient regroupées.

Nous, qui composons la Ligue internationale socialiste, nous engageons à lutter sans relâche jusqu’à ce que tout cela devienne une réalité.