Par Hugo Tortorissi
Du 31/1 au 2/2 s’est tenu à Paris le premier congrès du Nouveau Parti Anticapitaliste – Révolutionnaires. Issu de l’éclatement de l’ancien NPA, les délégués représentant environ 800 militants ont débattu pendant trois jours du bilan de la nouvelle organisation, d’un point international et d’un autre sur la France, ainsi que des aspects d’orientation.
Des camarades de la LIS, du MAS du Portugal, de l’OTI et de la L5I ont participé aux deux sessions ouvertes avec d’autres groupes amis des organisateurs. Des salutations ont été adressées par Lotta Comunista d’Italie et Lutte ouvrière de France.
Trois plateformes ont été présentées. La plateforme #1, Unité des révolutionnaires, issue de la fusion des courants l’Étincelle et Anticapitalisme et révolution (A&R) a remporté plus de 80% des voix. Le #2, Pour un pôle démocratique des révolutionnaires, a été le deuxième plus voté. La #3, dirigée par des camarades de Socialisme ou barbarie, la plus minoritaire, s’est finalement retirée du Congrès et a annoncé sa séparation du NPA-R.
Le Congrès a constaté des progrès organisationnels très importants. Le défi qui reste à relever est la consolidation du parti et de la nouvelle direction sans éluder le débat sur tous les sujets qui n’ont pas été discutés avant la fusion des deux principales tendances et sur lesquels il existe des divergences.
La décision de la majorité de ne pas les aborder et la polarisation entre les différentes plateformes n’ont pas permis d’enrichir le débat politique. Les positions exprimées dans les documents ont fini par être réaffirmées. Il n’a pas été possible, par exemple, de discuter des événements les plus importants qui secouent le monde ni des changements qui accompagnent la victoire de Trump. Ou comment faire face à la montée de l’extrême droite, la politique à suivre face aux plans de l’impérialisme en Ukraine ou quelle doit être la position stratégique des révolutionnaires en Palestine. La crise politique qui secoue la France et l’ensemble de la communauté européenne n’a pas non plus été discutée. Le Congrès a eu un biais plutôt syndical, qui a permis de constater l’insertion de l’organisation dans les luttes, mais sans lien clair avec des propositions politiques.
Il incombera à la nouvelle direction du parti de surmonter ces faiblesses afin de continuer à progresser dans la perspective de devenir l’un des partis les plus importants de l’extrême gauche française.
Le Congrès a ratifié à une large majorité l’orientation exprimée dans la plateforme n° 1 de regrouper au niveau international les organisations les plus proches de l’Étincelle et d’AetR en Espagne, en Allemagne, en Grèce et aux États-Unis, avec lesquelles ils ont approuvé la réalisation d’un camp fermé l’été prochain. Au niveau national, la tendance à conclure un accord électoral avec Lutte Ouvrière, qui rejette cette proposition, a été réaffirmée. Un point important de la discussion a été de réaffirmer l’importance de la troisième Rencontre Internationaliste, qui, contrairement à celles de Milan, se tiendra cette année à Paris du 16 au 18 mai et à laquelle la LIS participera avec une importante délégation.
Les contributions de la LIS au Congrès
Les camarades des LIS qui militent au sein du NPA-R depuis avant la scission de l’ancien NPA en 2022 ont soutenu la plateforme #1 sur le plan organisationnel et ont présenté deux textes avec leurs contributions et les raisons pour lesquelles ils s’abstiendraient de voter sur le matériel politique présenté.
Au niveau international, les différences les plus importantes ont été avec les positions campistes qui se sont élevées depuis la plateforme n° 2, mais il a également été proposé de surmonter l’ambiguïté du document de la plateforme n° 1 concernant l’invasion russe en Ukraine, à un moment où les impérialismes sont sur le point de s’entendre en passant outre le droit à l’autodétermination du peuple ukrainien.
En ce qui concerne la Palestine, où il existait un large consensus pour continuer à développer la solidarité avec Gaza et la condamnation de l’État sioniste d’Israël, la contribution apportée concernait la nécessité de proposer une solution révolutionnaire pour démanteler l’État génocidaire et parvenir à une Palestine unique, laïque, non raciste, démocratique et socialiste, de la rivière à la mer. Tout cela dans le cadre stratégique de la promotion d’une fédération libre de républiques socialistes pour le Moyen-Orient, qui défie également les directions islamiques fondamentalistes, y compris celle qui gouverne actuellement la Syrie, pour laquelle il est essentiel d’aider à construire des partis révolutionnaires forts dans la région.
Concernant la montée de l’extrême droite et la lutte contre cette expression anticipée de la barbarie à laquelle conduit le capitalisme, nos camarades ont souligné la nécessité de promouvoir le débat idéologique ainsi que le développement d’une politique de front unique, comprise comme une tactique qui combine l’exigence pour les directions réformistes et bureaucratiques de se mobiliser ensemble contre l’extrême droite et qui, en même temps, affronte son front populiste, depuis l’indépendance de classe. Pour cela, il est nécessaire de mettre en avant la nécessité d’une large unité de l’extrême gauche et de l’activisme indépendant, sans centrer la politique uniquement sur Lutte Ouvrière, générant des attentes exagérées dans cette organisation sectaire qui peuvent désarmer le militantisme.
Au niveau international, nous sommes d’accord pour prendre des initiatives telles que les rencontres internationalistes avec des organisations comme Lotta Comunista, bien qu’il existe des différences de principe, qui ne se limitent pas seulement aux luttes nationales et au droit des peuples opprimés à l’autodétermination. Ce que nous considérons comme erroné, c’est de croire que l’on peut aller au-delà d’accords ponctuels et créer un pôle révolutionnaire avec eux.
Il y a eu un consensus sur les points suivants : promouvoir et unir les luttes ouvrières et sociales et le mouvement de grève générale, dénoncer le gouvernement Macron, le Rassemblement national (RN), le Nouveau Front Populaire (NFP) et la bureaucratie syndicale, faire de la propagande anticapitaliste, anti-impérialiste et pour la révolution. Mais, face à l’ampleur de la crise politique française, nos camarades ont jugé que cela ne suffisait pas comme orientation politique générale, car il ne formulait pas de programme de transition construit autour de la stratégie de prise du pouvoir politique par la classe ouvrière et ses alliés. C’est-à-dire avec des slogans transitionnels de rupture avec le système capitaliste (échelle mobile des salaires, répartition des heures de travail, nationalisation avec contrôle ouvrier, etc.). Et avec des propositions sur le gouvernement des travailleurs, un régime alternatif à l’institutionnalité de la démocratie bourgeoise et de la Ve République, la mise en œuvre d’un plan économique d’urgence et la lutte pour un système socialiste.
Toutes ces contributions ont été présentées dans le but d’ouvrir des débats et de renforcer la nouvelle formation politique, qui, nous l’espérons, deviendra l’outil politique fondamental de la classe ouvrière et de la jeunesse française.